Juste une question
Ce n’est pas un peu raciste que beaucoup de journaux et analystes, y compris Rue89 (j’avoue que je m’attendais à mieux de leur part question politically correctness), utilisent l’expression « la Rue Arabe »?
Question subsidiaire: n’est-ce pas ce genre de racismes qui alimente des consensus tels que celui qui nous fait penser qu’un monde arabe démocratique deviendrait automatiquement la proie de terroristes islamistes?
Personnellement, je pense qu’il y a beaucoup à redire sur la manière dont le racisme et la condescendance sont véhiculés par des mots et des expressions qui ne font plus tiquer personne. C’est le même problème qui se pose quand on parle de « commerce triangulaire » pour parler des crimes de l’esclavage ou « des bons côtés de la colonisation » et bien d’autres désignations idéologiquement chargées que personne ne songe à interroger… Bref, d’une certaine façon nous sommes tous complices de la perpétuation de la bêtise à travers le monde, mais les journalistes le sont plus que n’importe qui d’autre, c’est pour cela qu’ils devraient être tous philosophes ou laisser la place aux philosophes… pour paraphraser Platon, bien sûr.
» c’est pour cela qu’ils devraient être tous philosophes ou laisser la place aux philosophes »
Là, tu milites clairement pour ta chapelle mon cher :-)!
Sérieusement, la stupidité des élites (politiques, journaliste) serait drôle, si elle n’avait pas de conséquence potentiellement dramatique. Le plus drôle en ce moment, c’est de les voir essayer d’expliquer que l’Égypte n’est pas la Tunisie comme si c’était là une découverte capitale. Suggérer que Moubarack sauvera sa tête, sans vraiment le dire (parce que, well, la Tunisie les a déja fait mentir) mais quand même prédire un régime islamiste tout en disant que El Baradei est le sauveur.
On ne dit pas la « rue slave » ou les « masses bourgeoises », mais on n’hésite pas à dire la « rue arabe » et les « masses populaires » ! Le connoté est tellement évident …
« et bien d’autres désignations idéologiquement chargées que personne ne songe à interroger »
M’enfin, si, il y en a qui « s’interrogent’ … concernant la place de la femme, comment le langage connote leur place de subordonnées, leur statut. par exemple ce livre « Les mots et les femmes : essai d’approche socio-linguistique de la condition féminine » mais il y en a d’autres.
« Quel rôle jouent la métaphore sexuelle, les connotations dépréciatives, les dissymétries sémantiques et grammaticales, les insultes à caractère sexuel comme véhicules de l’idéologie sexiste ? En quoi la lutte des femmes sur le terrain de la langue rejoint-elle celle de tous
les mouvements de libération des groupes minoritaires, opprimés, marginaux ou déviants ? »