Murambi & Mbaye Diagne

Dans le Canard de cette semaine, il y a une critique du roman Murambi, le livre des ossements de Boubacar Boris Diop. C’est sans doute le meilleur livre écrit sur le génocide rwandais. Je l’avais emprunté à une amie à Dakar mais en essayant de l’acheter à mon retour à Paris, j’avais vu qu’il était épuisé. Avant de le lire, je connaissais tous les faits et me disais que ça allait être ennuyeux. Malgré ces préventions, le livre m’a quand même remué. BBD a beau dire des stupidités sur le plan politique, il est simplement, et de loin, le meilleur écrivain sénégalais actuel. C’est heureux que le livre soit réédité. Je vous le conseille fortement.

Toujours sur le génocide rwandais, je vois que le Capitaine MBaye Diagne va être décoré à titre posthume par le Département d’État US. C’est drôle que ce que ce soldat a fait n’ait pas eu plus de couverture médiatique. Mais je suppose que ça n’aide pas d’être africain. Toujours est-il qu’au moment du génocide rwandais, MBaye Diagne qui était en mission pour l’ONU a tout simplement, et dès le début, décidé d’ignorer les ordres de sa hiérarchie et de sauver le maximum de civils possibles. Il en aurait secrètement sauvé plus de 600 avant d’être tué par les milices hutus. Je trouve les deux films que je mets à la suite de cet article émouvants. Il s’en dégage une personnalité attachante qui réussissait à détendre l’atmosphère où qu’elle se trouve créant une sorte de bulle de bien être qui séduisait autant les tueurs fous que ses collègues. Du coup, il passait les check point en plaisantant et ramenait à l’hôtel des mille collines les victimes potentielles. Il semblerait par ailleurs, d’après certains témoins que le Général canadien Roméo Dallaire n’était pas dupe mais qu’il avait choisi de ne pas s’en mêler  parce que le capitaine Diagne faisait exactement ce que, de son point de vue, l’ONU aurait du faire. J’espère que cette reconnaissance américaine incitera notre Président à s’occuper de sa famille. Tel que je connais nos autorités actuelles, il ne m’étonnerait pas que sa veuve et ses enfants aient eu du mal à recevoir leur dû.

PS: Je me rends compte que ça fait un siècle que je n’ai pas dit de mal de Wade. Ce n’est pas qu’il se soit assagi, je pense qu’il gagne en épuisant notre capacité d’indignation.