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L’aspirant parrain

Posted in Afrique, Françafrique, France by hadyba on septembre 12, 2011

J’avoue que là je commence à aimer ce parasite de Robert Bourgi…

Parfois des français me disent avec condescendance et arrogance qu’ils veulent « aider l’Afrique » et souvent ma réponse ne leur plait pas. « Si vous voulez vraiment nous aider, surveillez ce que font vos dirigeants et chefs d’entreprise en Afrique, luttez contre l’incroyable corruption de votre élite et nous, nous nous chargerons du reste. Nous n’avons pas vraiment besoin de votre aide, nous avons besoin que vous cessiez de nous nuire. » Ça ne passe pas parce que ce sont nos dirigeants qui sont censé être corrompus. Si nos pays ne fonctionnent pas, c’est notre faute et uniquement notre faute. Ça fait 60ans qu’on nous aide et nous sommes incapables de nous développer. La vérité, selon moi, c’est que la corruption des élites africaines n’est pas le principal problème. C’est un processus normal qui se résorbe avec le temps, au fur et à mesure que le peuple prend conscience de son pouvoir et commence à exiger que les politiques s’occupent de lui. Mais un tel processus n’est possible que si les politiciens ont face à eux le peuple et qu’ils sont obligés de négocier la servitude de ce dernier. Dans la plupart des pays africains, les élites sont entre l’enclume du peuple et le marteau des forces occidentales. Si elles s’accommodent du marteau, il les aidera à battre l’enclume. S’ils se placent du coté du peuple le marteau les écrasera tous les deux comme il le fit avec Sankara. Les élites africaines étant comme toutes les élites égoïstes et rationnelles, le choix est vite fait. Elles acceptent de devenir les forces supplétives de Shell, Bouygues, Bolloré, Areva, Total ou de l’État français contre leur peuple. C’est une question d’incitations.

Au moment des indépendances africaines, ce système avait été mis en place par des gaullistes patriotes qui avaient à coeur de préserver les intérêts de la France sans maintenir une colonisation qui était devenue moralement et intellectuellement injustifiable. On peut difficilement leur en vouloir. Ça s’appelle de la realpolitik. Petit à petit, c’est devenu un système occulte grace auquel les élites africaines et européennes se sont enrichies de manière phénoménale en buvant le sang des peuples africains. Pour couvrir ce fait brut, on a adopté un langage misérabiliste dans lequel l’Afrique est vue comme un océan de douleur dont on ne comprend pas vraiment d’où viennent les malheurs qui l’emplissent mais qu’il s’agit de vider. Or chacun se doute bien que vider l’océan est une tâche sans fin! L’étape suivante a été celle de la montée en puissance de Bongo qui est passé de frêle dirigeant corrompu installé au pouvoir pour veiller sur des puits de pétrole et réprimer la révolte des indigènes à corrupteur tout puissant arrosant les politiques français qu’ils soient de gauche ou de droite. Ayant compris la puissance relative que lui donnait son argent sur les politiques français, Bongo en arriva à transmettre des ordres au Président de la République française; ordres qui furent exécutés promptement.

Nicolas Sarkozy, malgré ses rodomontades habituelles et son affirmation durant la campagne électorale qu’ il établirait de nouvelles relations franco-africaines, a été obligé d’obéir à un ordre direct de Bongo. « Virez-moi Bockel! » Foccart et le Général s’en sont sans doute retourné dans leurs tombes! Et on voudrait nous faire croire qu’un Nicolas Sarkozy qui obéit sans broncher à un ordre du corrupteur en chef, n’était pas au courant ni n’était bénéficiaire des magouilles de ce corrupteur? Come on!

A présent, Bongo est mort et brule en enfer. La place de parrain est à prendre. La seule manière de devenir parrain, c’est de tuer et de menacer. On envoie un signal très clair. C’est ce que ce médiocre Bourgi qui a été à bonne école et qui a vu comment Bongo s’est débrouillé pour devenir tout puissant à Paris est en train de faire. Son objectif est rien moins que de devenir le nouveau gouverneur général de l’Afrique. Ses accusations contre Villepin et Chirac ne sont pas gratuites, ce sont des menaces voilées contre le Chef de l’État français actuel pour qu’il lui laisse les coudées franche en Afrique et lui délègue les intérêts français dans le continent noir. Il y a cependant deux détails qu’il laisse de coté. Le premier est que la plupart des pays d’Afrique sont plus ou moins démocratisé et le système qu’il cherche à perpétuer appartient définitivement au passé. Le second est que les dirigeants français, même aussi médiocres que Sarkozy et Guéant, ne sont pas tout puissants mais dépendent de forces économiques, politiques et militaires qui n’ont pas nécessairement intérêt à ce qu’un aventurier comme Bourgi ait autant d’emprise sur eux et dispose du contrôle de l’armée française pour mener une politique personnelle en Afrique. La raison pour laquelle je commence à aimer Bourgi, c’est que sa mégalomanie est une bonne chose pour l’Afrique. Je suis sûr qu’il vient d’ouvrir une boite de Pandore grace à laquelle les sales secrets de la Françafrique seront (peut-être, il serait stupide de compter sur l’indépendance de la justice française dans certains domaines) soumis à la justice française ce qui contribuera à libérer les pays d’Afrique de l’emprise française. Croisons les doigts, achetons du pop corn et admirons comment le rejeton dégénéré des amours de Foccart et de Bongo fera imploser le chateau familial. La mort d’un parrain et la guerre de succession qui s’ensuit sont toujours porteurs d’espoir pour les bons citoyens…

Oui, rêvons…