Authueil et Zimmerman
« On which aspect one concentrates in judging others will depend on the character of the particular judge »
Nelson Mandela
Ce qui me fascine quand je suis le débat public dans un pays comme la France, c’est avec quelle vitesse ils sont en train de désapprendre les acquis du vingtième siècle. On a du mal à se rendre compte à quel point sous un vernis de sophistication, les pays européens étaient arriérés jusqu’au 19e siècle avec les pogroms, le nationalisme exacerbé, le patriarcat etc. Il suffit pourtant de lire ce qui est considéré comme la quintessence de la pensée et de la civilisation, la philosophie, pour s’en convaincre. Ne parlons même pas de Hegel, vous aimez Kant ? Ne lisez pas Emmanuel Ezze , vous découvririez que votre héros est un gros raciste ! Spinoza ? Allez à la fin du Traité Politique, et vous y apprendrez que les femmes sont des êtres inférieurs qui ne doivent en aucun cas diriger. Hume peut être ? J’ai ceci pour vous : « I am apt to suspect the negroes and in general all the other species of men (for there are four or five different kinds) to be naturally inferior to the whites. »
Il a fallu d’abord ceux que Ricoeur a nommé les maîtres du soupçon (Nietzsche, Marx et Freud) pour que l’occident sorte de son arrogance et se prenne véritablement comme objet d’étude. Après cela, il deviendra possible de ne plus considérer les valeurs et l’organisation des sociétés européennes comme un réglage par défaut reflétant la rationalité idéale ; tout ce qui s’en écarte relevant de la barbarie. Cette prise de distance survenue au XIXe siècle est qui a permis la véritable naissance de l’ethnologie et est le terreau sans lequel l’œuvre de Claude Lévi-Strauss n’aurait pas pu exister. La grande leçon de ce dernier a été de nous faire prendre au sérieux le relativisme culturel de se dire que nos organisations sociales sont aussi peu nécessaires que l’association par une langue d’un signe linguistique donné à un concept donné. Malgré cela affirme Lévi-Strauss, aucune organisation sociale n’est irrationnelle. C’est un ensemble de réponses qu’un groupe humain particulier apporte à un ensemble de défis que lui pose son environnement. Une lecture hâtive de Lévi-Strauss voudrait qu’il soit un relativiste culturel invétéré considérant que tout se vaut et que nous devrions nous abstenir de juger les autres cultures. Il n’en est rien. Tout ce qu’il dit, c’est que l’on ne peut pas se focaliser sur les valeurs de sa propre culture, en faire un absolu et juger toutes les autres cultures en fonction de la direction et des intérêts de sa propre culture. Pour véritablement juger une société ou une culture, encore faut-il s’assurer qu’on a compris ce qui est au fondement des agissements qui nous paraissent étranges. Les caractéristiques de notre société et de notre culture ne tiennent pas à un quelconque « génie » comme aurait dit Ernest Renan mais à un ensemble de conditions objectives tellement vastes qu’il nous serait difficile voire impossible de les récapituler.
Grace à son petit texte Race et Histoire, Lévi-Strauss avait réussi à définitivement assoir dans l’esprit de tout homme cultivé que « Le barbare c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie. » N’importe qui a passé le bac dans un pays francophone a nécessairement lu ce texte. Je ne crois pas que quiconque est doté d’un minimum de culture et a été éduqué en France aurait pu, jusqu’aux années 90, parler sérieusement de « barbares » pour désigner des populations dont il ne comprend pas les agissements.
Maintenant, considérez ceci. Il y a une semaine, un train déraille en région parisienne. La presse rapporte dans la nuit que les populations locales auraient agressé les forces de l’ordre et pompiers venus porter secours et détroussé les victimes. Automatiquement, un blogueur français écrit un post hallucinant oscillant entre paranoïa et racisme (au moins) de classe. Il fait clairement le distinguo entre le groupe auquel il appartient (nous/les centre ville/centre de Paris) et celui des assaillants (eux/populations/ils/). Il affirme que nous savions tous que la banlieue française était un « dépotoir » qu’y étaient « parquées » des populations dont les gens comme lui ne voulaient pas près d’eux… Partant du fait, à son avis établi*, que ces populations ont préféré aller dépouiller des morts et blessés plutôt que de leur porter secours**, il estime qu’il est urgent d’aller « mesurer le degré de « retour à l’état sauvage » de certaines franges de la population ». Oh bien sûr, l’objectif avoué de l’article est d’inciter les pouvoirs publics à aller voir ce qui se passe en banlieue et au besoin à y investir encore plus. Mais tout l’article essentialise tellement la différence entre « eux » et « nous » qu’il est impossible d’en rater la charge raciale. Les commentaires seront moins pudiques sur la nature des barbares. Ils sont forcément étrangers et basanés.
Vous vous dites que c’est juste un post de bourgeois apeuré et un peu ridicule. En fait pas vraiment, Authueil est ce qu’on appelle un blogueur influent. Et s’il est certes probablement bourgeois, ce n’est pas un simple commerçant enrichi. Il travaille pour le Parlement français et est parfois repris dans la presse française. C’est à tout point de vue, ce que l’on pourrait appeler un honnête homme. Il est ce que la société française actuelle produit comme honnête homme. Et pour tant il a pu titrer: « Les barbares sont à nos portes! » Comment se fait-il qu’il ne se soit pas rendu compte de l’énormité de ce qu’il écrivait ? Parce que l’élite française actuelle et plus généralement l’élite occidentale a désappris ce qu’à grand peine Lévi-Strauss avait découvert et communiqué au monde. Les occidentaux actuels croient de nouveau aux barbares.
Est-ce vraiment grave ? Lévi-Strauss a une fois affirmé : « J’ai connu une époque où l’identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les États. On sait quels désastres en résultèrent. » Plus près de nous, un jury de Floride a récemment libéré un jeune homme qui a intercepté un adolescent noir désarmé, puis l’a tué sous prétexte qu’il en avait peur. Une des jurées du procès a affirmé cette nuit que Zimmerman n’aurait certes pas du tuer cet enfant mais qu’il avait le cœur au bon endroit, voulant protéger la communauté d’une menace réelle. Des textes comme celui d’Authueil, distillant la peur de l’autre et affirmant que toute une frange de la population est soit barbare, soit aux portes de l’ensauvagement, créent les conditions pour qu’émergent des Zimmerman qui peuvent tuer impunément des enfants. En renforçant l’idée que la banlieue est un lieu mystérieux et menaçant où vivent des hordes d’autant plus sauvages que l’on ne sait exactement de quoi elles sont capables, ils créent une structure sociale dans laquelle la vie des banlieusards, surtout basanés, ne vaut pas grand chose.
*Et au fait, toute cette histoire de pillage des cadavres n’était sans doute rien d’autre qu’une grossière intox du syndicat policier fascisant Alliance.
**Et même si cette histoire était vraie, ce ne serait pas étonnant, comme je le signalais à Authueil sur twitter, c’est une partie certes peu honorable de la nature humaine; partie qui s’est d’ailleurs révélée après le 11 septembre y compris chez ces héros de notre temps 🙂 , les pompiers New Yorkais.
Vrais et faux parasites
Une chose que les diverses droites feignent tout le temps d’oublier, c’est que les pauvres aussi paient des impôts. Ne serait-ce que la TVA. En vrai, ce que recherchent les gens de droite (du moins beaucoup d’entre eux), c’est à faire de sorte que seuls les pauvres en paient. Et pour y arriver, ils culpabilisent ces derniers en les accusant de parasitisme. Tout en occultant toutes les subventions qu’ils réussissent à arracher à la collectivité aidé en cela par les politiciens corrompus qui les servent!
Le dernier avatar en date de cette rhétorique est Romney que même un romancier communiste n’aurait osé choisir comme personnage principal d’une critique du capitalisme tellement il est caricatural:
The notion that Democrats hope to ride dependency to political power is one that has no shortage of adherents among conservatives. “We are reaching the tipping point where the majority of Americans are recipients of government programs,” columnist George Will said recently on Laura Ingraham’s radio show. « Heavens, one in seven of Americans is on food stamps today. The gamble — it’s really not a gamble, the tactic — of the Democratic Party is to run up the dependency ratio in this country until you get 50-60 percent of Americans dependent on the government in at least one or often in multiple ways, at which point they figure the party of government will always win. »
But there are a few problems with the idea of the overburdened « 53 percent. » Many Americans don’t pay federal income taxes, in part, because of deductions like the child tax credit that have been championed by conservatives and progressives alike. Almost all of the « 47 percent » do pay other federal taxes in the form of Social Security and Medicare payroll deductions and gas levies, as well as a variety of state and local sales and property taxes that aren’t dependent on income.
Franchement, se faire faire la leçon sur les vertus de l’impôt par un parasite millionnaire qui est probablement resté dix ans sans payer d’impôts!
PS: Je vois que Krugman a parlé de la vidéo et a mis en lien ce sommaire qui démonte l’idée que ceux qui ne paient pas d’impôts sur le revenus sont des parasites ne payant pas d’impôts du tout.
Ce fou est fou
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Bien sûr, Yaya Jammeh est fou. Je crois que personne n’en doutais vraiment. Le mec s’est auto-proclamé PhD après quelques cours accélérés donnés par un prof britannique, a fait régner la terreur dans son pays et prétendu soigner toutes sortes de maladies, dont accessoirement le Sida, à l’aide de plantes médicinales. Il est donc incontestable qu’il est fou.
Ce fou a donc décidé, pour fêter la fin du ramadan, de faire un cadeau à son peuple: tous les prisonniers condamnés à mort seront exécutés avant la fin du mois de septembre. Parmi ces prisonniers il y a certes des prisonniers politiques mais il y a surtout des prisonniers de droit commun parmi lesquels quelques citoyens sénégalais. Par exemple l’un de ces citoyens sénégalais est une citoyenne qui a commis ce qu’au Sénégal nous verrions comme un crime passionnel et condamnerions avec une certaine légèreté. Son mari ayant pris une seconde épouse, la dame l’a ébouillanté. Et mort s’en est malheureusement suivi. Apparemment les juges gambiens sont plus sévères que les nôtres et la dame a été condamnée à la peine de mort.
Alors que nous n’avions même pas fini d’être sidéré par l’annonce de ce fou de Yaya Jammeh donc, la promesse faite aux gambiens est tenue… en commençant malencontreusement par nos concitoyens. Un autre de nos concitoyens est apparemment également dans le couloir de la mort gambien. De retour cette nuit à Dakar après une visite de travail/vacances en Afrique du Sud, mon Président semble choqué par les exécutions gambiennes et a décidé que nous (en l’occurrence notre Premier Ministre) convoquerions l’Ambassadeur de Gambie au Sénégal et exigerions qu’il soit ponctuel à ce rendez-vous:
« C’est avec consternation que j’ai appris l’exécution de deux nos compatriotes en Gambie. Mais j’ai instruit le premier ministre sur cette affaire. J’ai décidé de convoquer l’ambassadeur de la Gambie au Sénégal, pour lui faire connaitre la position du Sénégal » indique d’emblée Macky Sall.
« si demain l’ambassadeur de la Gambie ne répond à la convocation à l’heure indiquée qu’il quitte le Sénégal »
Source. (Contrairement aux apparences, je n’ai rien inventé)
Les États Unis eux-mêmes semblent choqués, exigeant que la Gambie cesse immédiatement ces exécutions.
À cela, son Excellence Cheikh Professeur Dr. Yahya Abdul-Aziz Jemus Junkung Jammeh Naasiru Deen, Commandant en Chef des Forces Armées et Gardien de la Constitution Sacrée de Gambie répondit que la Gambie était un État Souverain appliquant son propre arsenal juridique dont fait partie intégrante la peine de mort.
Au risque de paraitre apporter mon soutien à un fou sanguinaire et à cette barbarie qu’est la peine de mort, je dois avouer que je suis totalement d’accord avec lui. J’ajouterai par ailleurs que les États Unis d’Amérique qui ont exécuté en 2011 quarante trois (43) êtres humains se plaçant ainsi cinquième derrière des pays aussi respectables que la Chine, l’Iran, l’Arabie Saoudite et l’Irak sont singulièrement mal placés pour faire la leçon à qui que ce soit sur cette question. Quant à mon Président, j’aimerais respectueusement lui signaler que si le sort de nos compatriotes condamnés en Gambie lui importait vraiment, il n’aurait pas attendu que deux d’entre eux soient exécutés pour venir gesticuler à la télé au risque de mettre encore plus en danger la vie du troisième. Il avait largement le temps de demander leur grace à son homologue et ami, son Excellence Cheikh Professeur Dr. Yahya Abdul-Aziz Jemus Junkung Jammeh Naasiru Deen, Commandant en Chef des Forces Armées et Gardien de la Constitution Sacrée de Gambie lors de sa visite idyllique d’avril dernier. Il avait encore le temps d’appeler son homologue et ami son Excellence Cheikh Professeur Dr. Yahya Abdul-Aziz Jemus Junkung Jammeh Naasiru Deen, Commandant en Chef des Forces Armées et Gardien de la Constitution Sacrée de Gambie après que ce dernier avait annoncé son intention de faire un cadeau aussi macabre à ses propres concitoyens. Même après l’exécution des deux premiers prisonniers, il avait toujours le temps d’essayer de sauver le troisième. Il ne l’a pas fait. Au lieu de ça il vient pérorer à l’aéroport parce que les organisations des droits de l’homme et les USA sont choqués par la folie d’un homme que tout le monde déjà savait fou. Personnellement, je réserve mon indignation à l’attitude leaders démocratiquement élus comme le mien ou Obama. Je suis beaucoup plus choqué par le fait que mon Président n’ait rien fait en amont pour sauver mes pauvres concitoyens que par l’acte de folie d’un fou sanguinaire comme Jammeh.
Et sérieusement, quelqu’un peut m’expliquer comment la Commission Africaine des Droits de l’Homme s’est débrouillée pour avoir son siège à Banjul? Non, je ne plaisante même pas, le siège de la CADH est bien situé à Banjul capitale d’une Gambie dirigée par son Excellence Cheikh Professeur Dr. Yahya Abdul-Aziz Jemus Junkung Jammeh Naasiru Deen, Commandant en Chef des Forces Armées et Gardien de la Constitution Sacrée de Gambie.
Our very own Smerdyakov
R. P. Wolff sur les contradictions randiennes de Ryan:
Paul Ryan is a Roman Catholic whose family made a good deal of money over half a century off of government contracts for building the interstate highway system. To this day it feeds at the federal trough, getting defense-related dollars. In every way conceivable, Ryan the man is totally in violation of the Objectivist ethical theories pushed by Rand. It has become a central tenet of the consensus gentium in recent decades that American conservatives are deep thinkers who, in their think tanks, come up with new ideas to replace the tired habits of liberal pols. Paul Ryan, we are told, is the intellectual leader of the Republican Party. I think we should pause just a bit before embracing our very own Smerdyakov.
Lorem at Yale
L’un des livres mythiques pour les gens qui deviendront la Lost Generation americaine est Stover at Yale. Ce livre raconte comment un américain pauvre parvient à s’insèrer dans cette fac d’élite et dans son système de sociétés secrètes.
Je ne sais pas si la vie de Paul Lorem aura la même influence sur les gosses de sa génération mais ce qui est clair, c’est qu’elle suffit à rhabiller Dink Stover. Non seulement, contrairement à Stover, Lorem n’est pas un personnage de fiction, mais en plus, à 21 ans, il a survécu à des aventures bien plus trépidantes. Ce garçon est né dans un village du Sud Soudan tellement déshérité que ses parents, pour lui donner une chance de s’en sortir, l’ont laissé dans un camp de réfugié. Sous la surveillance d’enfants à peine plus âgés. Le plus beau est que ces gamins l’ont protégé en l’obligeant à aller à l’école où eux n’allaient pas. Long story short, grâce à son incroyable talent et à la bienveillance des personnes avec lesquelles il a eu à interagir, Paul Lorem est actuellement étudiant à Yale. C’est Nicholas Kristof qui raconte tout ça dans le Times d’hier et c’est une bouffée d’air frais. Je suis persuadé qu’un éditeur proposera à Lorem d’écrire son autobiographie avant qu’il ait fini ses études mais en attendant, vous devriez vraiment lire l’article de NK. Perso, j’aime bien la candeur avec laquelle Lorem avoue que Yale, eh bien, c’est un peu dur sur le plan académique :-). Je veux dire, c’est juste la 11e meilleure fac du monde!
Lorem loves Yale, but, academically, it has been a tough transition, partly because English is Lorem’s fifth language (he also speaks Didinga, Toposa, Arabic and Swahili). Jeffrey Brenzel, the Yale admissions director, puts it this way: “On the one hand, these adjustments are greater for him than for many, but, on the other hand, he has already overcome far greater challenges than other students have just to get here.”
Arrested at last, arrested at last
C’est ce que Cornel West doit être en train de psalmodier en ce moment même:
Author, commentator, civil rights activist and Princeton University professor Cornel West has been arrested while protesting on the steps of the Supreme Court about corporate influence in politics.
Je suppose qu’il désespérait que ça lui arrive jamais.
Quand il sortira de la sombre prison où l’a jetée la blanche oppression de l’Amérique raciste, nous pourrons l’écouter nous donner sa propre version, mille fois plus puissante, de ce discours de seconde zone que je mets ici à titre d’archive. Écoutez ce rhéteur que la sortie de prison de West rejettera dans les limbes de l’histoire. Demain, vous vous demanderez comment vous avez pu vous laisser prendre à de si grosses ficelles.
Just a word
Les Républicains sont merveilleux:
But then, I’m not a commenter on the redstate.com blog. If you go read whatthey have to say, you’ll find they’re a lot angrier at Cain than at Perry. Because first of all, you see, “ni**erhead” is just a word, a legitimate and perfectly respectable word. It’s an old British term for a black iron post used for mooring ships. It’s an antiquated term used by loggers to describe a large rock jutting out of a road. It’s a winch or a capstan. A boiler head on a steam locomotive. See? All completely innocent! And they’re mad at or at least disappointed in Cain for giving oxygen to the scurrilous accusation that Perry may be (in that horrifying, politically correct cliché) “racially insensitive.”
Antioch is back
Je ne sais pas pourquoi mais j’étais persuadé que Antioch College était une HBCU. Anyway, elle rouvre ses portes.
Oui, ce post doit être le plus snob qui ait été publié ici. Mais en fait j’ai une sorte d’obsession maladive pour les facs US, y compris les plus obscures.
Demain vous l’abolirez
Victor Hugo, il y a déjà plus de 150 ans:
Eh bien, songez-y, qu’est-ce que la peine de mort ? La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. (Mouvement.) Partout où la peine de mort est prodiguée, la barbarie domine ; partout où la peine de mort est rare, la civilisation règne. (Sensation.)
Messieurs, ce sont là des faits incontestables. L’adoucissement de la pénalité est un grand et sérieux progrès. Le dix-huitième siècle, c’est là une partie de sa gloire, a aboli la torture ; le dix-neuvième siècle abolira la peine de mort. (Vive adhésion. Oui ! oui !)
Vous ne l’abolirez pas peut-être aujourd’hui ; mais, n’en doutez pas, demain vous l’abolirez, ou vos successeurs l’aboliront. (Nous l’abolirons ! Agitation.)
Vous écrivez en tête du préambule de votre constitution « En présence de Dieu », et vous commenceriez par lui dérober, à ce Dieu, ce droit qui n’appartient qu’à lui, le droit de vie et de mort. (Très-bien ! très-bien !)
Messieurs, il y a trois choses qui sont à Dieu et qui n’appartiennent pas à l’homme l’irrévocable, l’irréparable, l’indissoluble. Malheur à l’homme s’il les introduit dans ses lois !
Je suis souvent un admirateur de la société américaine mais parfois leur barbarie me désespère. Comme quand je sais, comme maintenant, qu’ils vont assassiner quelqu’un et que rien ni personne n’y pourra rien.
Par ailleurs, je pense que vu le racisme du système judiciaire US, ce pays est le dernier qui devrait se permettre cette barbarie qu’est la peine capitale. Innocence Project en est à 273 condamnés innocentés grace à de nouvelles analyses ADN et parmi eux, il y a 166 noirs. Parmi ces innocents, 17 ont été extraits du couloir de la mort.
Il y a certes eu quelques progrès depuis le temps où Bilie Holliday chantait Strange Fruits, mais pas tant que ça, je trouve.
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