Mr Cheney at his worst
Je pense que le livre le plus passionnant de cette année risque d’être l’autobiographie de ce psychopathe criminel de Dick Cheney. Le NYT a un article dessus et ça semble juste être pire que ce que n’importe qui de censé aurait pu imaginer. En gros, si vous pensez que le régime de W. était criminel et anti-américain, réjouissez-vous parce que vous avez échappé de peu à un régime fasciste qui aurait installé des salles de torture dans les caves de la Maison Blanche! Cheney ne s’excuse de rien et est consterné que les tendres qui entouraient le Président l’aient empêché de mener à bien la lutte contre le terrorisme.
He wrote that George J. Tenet, the director of the Central Intelligence Agency, resigned in 2004 just “when the going got tough,” a decision he calls “unfair to the president.” He wrote that he believes that Secretary of State Colin L. Powell tried to undermine President Bush by privately expressing doubts about the Iraq war, and he confirms that he pushed to have Mr. Powell removed from the cabinet after the 2004 election. “It was as though he thought the proper way to express his views was by criticizing administration policy to people outside the government,” Mr. Cheney writes. His resignation “was for the best.”
He faults former Secretary of State Condoleezza Rice for naïveté in the efforts to forge a nuclear weapons agreement with North Korea, and Mr. Cheney reports that he fought with White House advisers over softening the president’s speeches on Iraq.
Mr. Cheney acknowledged that the administration underestimated the challenges in Iraq, but he said the real blame for the violence was with the terrorists.
He also defends the Bush administration’s decision to inflict what he called “tough interrogations” — like the suffocation technique known as waterboarding — on captured terrorism suspects, saying it extracted information that saved lives. He rejects portrayals of such techniques as “torture.”
Plus encore que l’affaire DSK, que des criminels comme Bush Jr, Rumsfeld ou Cheney ne soient pas sous les barreaux discrédite totalement la justice US et sa prétendue indépendance.
Et au cas où vous vous poseriez la question, c’est grace à Mr. Cheney et à personne d’autre que l’Amérique a tenu debout le 11 septembre 2011:
The book opens with an account of Mr. Cheney’s experiences during the terrorist attacks of Sept. 11, 2001, when he essentially commanded the government’s response from a bunker beneath the White House while Mr. Bush — who was away from Washington and hampered by communications breakdowns — played a peripheral role. But Mr. Cheney wrote that he did not want to make any formal statement to the nation that day.
“My past government experience,” he wrote, “had prepared me to manage the crisis during those first few hours on 9/11, but I knew that if I went out and spoke to the press, it would undermine the president, and that would be bad for him and for the country.
“We were at war. Our commander in chief needed to be seen as in charge, strong, and resolute — as George W. Bush was.”
Patriote et modeste, donc!
Vous vous demandez sans doute ce que ce modeste patriote faisait quand il était dans la force de l’age, au moment où ce lâche de Colin Powell se faisait blesser par les communistes Vietnamiens et y retournait? Voici comment se conduit un vrai héros:
When Cheney became eligible for the draft, during the Vietnam War, he applied for and received five draft deferments.[17][18] In 1989, The Washington Post writer George C. Wilson interviewed Cheney as the next Secretary of Defense; when asked about his deferments, Cheney reportedly said, « I had other priorities in the ’60s than military service. »[19] Cheney testified during his confirmation hearings in 1989 that he received deferments to finish a college career that lasted six years rather than four, owing to sub par academic performance and the need to work to pay for his education. Initially, he was not called up because the Selective Service System was only taking older men. When he became eligible for the draft, he applied for four deferments in sequence. He applied for his fifth exemption on January 19, 1966, when his wife was about 10 weeks pregnant. He was granted 3-A status, the « hardship » exemption, which excluded men with children or dependent parents. In January 1967, Cheney turned 26 and was no longer eligible for the draft.[20]
Six fois! Six fois de suite, il a trouvé des pretextes pour ne pas servir son pays et risquer sa vie sous les drapeaux. Et sa seule justification est « qu’il avait d’autres priorités »! C’est toujours la même chose: les vrais héros ne se vantent pas de leurs exploits et réfléchissent avant d’envoyer les jeunes gens se faire tuer. Les lâches, une fois adultes, prennent un plaisir sadique à faire torturer ceux qui s’opposent à eux et à déclencher à tort et à travers des conflits dont ils ne paieront pas le prix et dont ils profiteront même économiquement, ainsi que l’infâme Cheney l’a fait par le biais de Halliburton.
Ce type est décidément dans une catégorie à part en ce qui concerne le fait d’être méprisable!
Une comparaison
Un de mes amis fait des comparaisons intéressantes avec un épisode de l’histoire nigérienne:
D’accord : la décapitation de place de marché était une action un tantinet plus corsée que l’immersion en haute mer. On en était encore à l’époque à l’impérialisme d’occupation, qui avait besoin de produire des effets de terreur pour décourager les turbulents. Mais la logique est la même : un jihadiste charismatique (en dépit de sa cécité, car il était aveugle !), une minorité dégoûtée par le système et prête au martyre, des princes collaborateurs (Aouta, Bayéro) prêts à se joindre aux expéditions punitives du suzerain impérial, un prince mécontent prêt à protéger le jihadiste – voir Pakistan et Ben Laden.
Peut-être aura-t-on du mal, aux Etats-Unis, à accepter cette petite comparaison avec un épisode lointain de notre obscure histoire nigérienne. « Au moins », me diraient certains, « vous, vous étiez attaqués par les Français. Mais nous, on a été agressé sans aucune raison. C’était comme Pearl Harbor. »
Le reste….
PS: Je vous conseille très fortement ce blog.
Critical
Volontaire ou pas ?
His decision to assign the operation to the Navy SEALs, a Special Operations unit with extensive experience in raids on high-value targets, was critical. SEALs have a tradition of moving in and out fast, often killing everyone they encounter at a target site. Most members of the SEAL team in the bin Laden raid had been deployed to war zones a dozen or more times.
Source (c’est moi qui souligne.)
Oh, et ma phrase préférée:
Bin Laden was to be captured, one official said, if he “conspicuously surrendered.”
On dirait la loi sur les signes religieux ostensibles!
The Green Lanterns
Cet article sur Trump et les Républicains est excellent. Soit dit en passant, je savais que Trump était cinglé mais pas à ce point: il ne serre même pas la main aux citoyens ordinaires parce qu’ils sont porteurs de maladies!
Trump offers the ultimate symbol of this: he won’t even shake hands with any ordinary Americans out on the stump, because « you catch all sorts of things » from them. Yes: the Republican front-runner is a billionaire who literally won’t touch the poor or middle class.
Trump probably won’t become the Republican nominee, but not because most Republicans reject his premisses. No: it will be because he states these arguments too crudely for mass public consumption. He takes the whispered dogmas of the Reagan, Bush and Tea Party years and shrieks them through a megaphone. The nominee will share similar ideas, but express them more subtly. In case you think these ideas are marginal to the party, remember – it has united behind the budget plan of Wisconsin Representative Paul Ryan. It’s simple: it halves taxes on the richest 1 percent and ends all taxes on corporate income, dividends, and inheritance. It pays for it by slashing spending on food stamps, healthcare for the poor and the elderly, and basic services. It aims to return the US to the spending levels of the 1920s – and while Ryan frames it as a response to the deficit, it would actually increase it according to the independent Center for Budget and Policy Priorities. Ryan says « the reason I got involved in public service » was because he read the writings of Ayn Rand, which describe the poor as « parasites » who must « perish », and are best summarized by the title of one of her books: ‘The Virtue of Selfishness.’
Ben Laden est mort
Je suppose que l’on peut se réjouir.
Obama vient de gagner les élections de 2012?
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La vraie victime
Sarah Palin vient enfin de se prononcer pour faire savoir au monde que c’est bien elle la vraie victime de toute cette histoire. Avant cela, dans le WaPo, Krauthammer avait déja insinué que seule la folie (ou alors des idées gauchistes) pouvaient expliquer les accusations de Krugman.
Pendant ce temps, dans la même circonscription que Giffords (ou à coté) le chef des Républicains, qui quoique noir avait milité pour McCain contre Obama, démissionne parce que les Tea Partisans locaux l’ont déja menacé de mort, le considérant comme trop modéré.
Sinon, bien sûr, tout ceci n’a rien à voir avec les Tea Parties.
Ce discours de Bobby Kennedy avait commencé à circuler dans la blogosphère après l’attentat. Je le trouve encore plus émouvant que celui dans lequel il annonçait à la foule d’Indianapolis, il me semble, le décès de Martin Luther King.
Les hommes creux
Je me demande si la presse américaine endossera sa responsabilité dans la tentative d’assassinat de la représentante Giffords, attentat qui a causé la mort de neuf personnes dont un enfant de 9 ans. Plus encore que Sarah Palin, c’est la presse soi-disant sérieuse comme CNN ou le New York Times qui sont responsables de cet attentat. McCain dans sa démagogie sans fin a recruté une cinglée n’ayant d’autre atout que son inculture crasse, ses préjugés et sa beauté comme colistière. Au lieu de systématiquement dénoncer ce choix dangereux pour leur pays, la presse l’a présenté comme un choix hardi quoique surprenant. Après la défaite du ticket républicain, une presse responsable aurait renvoyé une personne aussi manifestement inintéressante aux poubelles les plus embarrassantes de l’histoire américaine. Au lieu de quoi, depuis deux ans, il lui est offert une place de choix dans des débats politiques sur lesquelles elle n’a absolument rien d’intéressant à dire. La moindre de ses tweets sont commentés à longueur de journée et ses excentricités sont prises en considération par de soi-disant experts. Résultat des courses, tous les cinglés d’Amérique, tous les mâles blancs déclassés fantasmant sur une période durant laquelle la blancheur de leur peau pouvait leur servir de passe-droit pour écraser les minorités, se sont senti légitimés à réclamer le « retour de leur Amérique » y compris avec des armes. On a vu des cinglés se pointer à des meetings d’Obama avec un fusil et la seule réaction de la presse était de dire qu’ils exerçaient leur droit de détenir des armes conformément au sacro-saint Deuxième Amendement.
Quand en mars dernier Sarah Palin met en ligne une carte avec des cibles sur les représentants qu’il veut faire éliminer pendant les élections de 2010 parce qu’ils ont voté la loi sur l’assurance maladie, le HuffPo écrit:
Sarah Palin is targeting — yes, with gun sights — House Democrats facing tough reelection fights who voted for health care reform.
Palin’s Facebook page now carries a map featuring 20 gun sights, one for each of the Democrats targeted this year by her political action committee SarahPAC.
mais je ne suis même pas sur que la presse soi disant sérieuse ait daigné relever la chose. C’est l’une de ces vingt démocrates, Gabrielle Giffors qui a été victime de cet horrible attentat perpétré par l’un de ces mâles blancs s’imaginant vivre dans une dictature liberticide. Il y a fort à parier que la presse US ne fera même pas son autocritique et qu’elle continuera à légitimer des cinglés qui n’ont absolument rien à apporter au débat politique mais qui sont réellement dangereux pour la démocratie et le peuple américains. Et bien sûr personne n’osera pointer la responsabilité de la presse mainstream (NEw York Times, Time Mag ou Washington Post) qui n’a pas su ou voulu établir un cordon sanitaire autour d’idées et de thèses farfelues dont on n’a même pas à discuter que ce soit la prétention des intégristes chrétiens à enseigner leur créationnisme dans les salles de classe, la remise en cause de la nationalité du président en exercice, le droit des musulmans à construire une mosquée ou tout ce mouvement des Tea Parties qui regroupe des cinglés mais dont on fait semblant de croire qu’il représente une révolte populaire contre je ne sais quoi.
En écrivant ceci il me revient en mémoire certains vers d’un poème d’Eliot:
We are the hollow men We are the stuffed men Leaning together Headpiece filled with straw. Alas! Our dried voices, when We whisper together Are quiet and meaningless As wind in dry grass Or rats’ feet over broken glass In our dry cellar Shape without form, shade without colour, Paralysed force, gesture without motion; Those who have crossed With direct eyes, to death’s other Kingdom Remember us—if at all—not as lost Violent souls, but only As the hollow men The stuffed men.
ce poème se termine par les trois quatre vers suivants:
This is the way the world ends This is the way the world ends This is the way the world ends Not with a bang but a whimper.
Peut-être que le monde se termine sur un murmure quand ceux qui sont censés faire du bruit comme la presse deviennent des hommes creux, au mieux empaillés, incapables de voir et d’avertir des dangers qui sont au devant du chemin. Tout ceci est juste triste et n’est malheureusement pas l’apanage des américains.
Assange le kantien
Contrairement à ce que même moi je croyais, non seulement il m’est arrivé de lire du Kant quand je trainais à la fac de Dakar mais en plus j’en ai retenu quelques bribes. En tout cas j’en ai retenu assez pour que j’y repense cette semaine en lien avec toute cette affaire wikileaks.
Quand il s’intéresse aux rapports inter-étatiques, Kant commence par convoquer la fiction de l’État de Nature. Il affirme en effet que « Considérés dans leurs rapports extérieurs réciproques, les États (comme des sauvages sans lois) sont par nature dans un état non juridique ». (MétaphMoeurs II) Il semble donc qu’ici le très moral Kant rejoigne Machiavel: les intérêts des États sont divergents et n’ayant d’obligations qu’envers leur propres peuples, les dirigeants sont bien avisés de recourir à tous les expédients nécessaires dans leurs rapports avec leurs homologues étrangers. Un puissance contemporaine comme la France ne désavouerait certes pas une telle approche consistant par exemple à priver le Niger de son uranium, en vertu de la loi du plus fort, afin de chauffer les foyers français. De plus, étant donné que c’est « par nature » que les États sont entre eux comme « des sauvages sans loi », c’est là une fatalité contre laquelle il n’y a pas à s’insurger.
Sauf que Kant souligne ailleurs (dans le Projet de Paix Perpétuelle) que « le mal moral possède ce caractère, inséparable de sa nature, que ses desseins lui sont contraires et contribuent à sa ruine. » De même que l’institution de l’État civil et moral n’est pas un état naturel mais une conséquence inéluctable de la civilisation progressive des hommes qui deviennent de plus en plus éclairés et rationnels et supportent donc de moins en moins les injustices et l’immoralité. De même, les États finiront-ils par instituer nécessairement, selon Kant, une gouvernance mondiale plus juste sortant leurs rapports de la sauvagerie naturelle pour les soumettre à la loi, juste et rationnellement accessible. Priver le Niger de son uranium en provoquant au passage quelques épisodes de famine non seulement n’est pas conforme au bien moral mais en plus ne saurait durer éternellement parce qu’une nébuleuse aussi barbare que la françafrique ne peut s’institutionnaliser. Pourquoi en est-il ainsi?
C’est là qu’Assange est véritablement Kantien. L’on a vu que pour Kant la civilisation des rapports inter-étatiques n’a rien de naturel, au contraire. C’est un arrachement à la tendance naturelle des grands États à oppresser et à vassaliser leurs petits homologues. Cet arrachement fait suite à un processus similaire par lequel les citoyens, étant devenus de plus en plus conscients de leurs droits et devoirs, instituent l’État de droit. Une fois qu’un ensemble d’États respectueux des droits du citoyens est institué, il devient presque inéluctable que ces États se fédèrent pour créer de grands ensembles respectueux des droits humains. Mais Kant était conscient que cette civilisation des rapports inter-étatiques ne se ferait pas sans peine. C’est pour cette raison qu’il avait intégré wikileaks à son plan 🙂 Kant en effet, posait que l’érection d’une fédérations d’États respectueux de la morale et donc des droits du citoyens ne serait possible que si nous adoptions ce qu’il appelait la formule transcendantale du droit public et qu’il définissait comme suit: « Toutes les actions relatives au droit d’autrui dont la maxime est incompatible avec la publicité sont injustes » et puisque Kant aimait bien la transcendantalité, il complétait cette maxime avec rien moins qu’un principe transcendantal et affirmatif du droit public à savoir : « Toutes les maximes qui ont besoin de publicité (pour ne pas manquer leur but) s’accordent avec la politique et la morale. » En bon français, ce que nous dit Kant, c’est que pour que nous ayons un ordre international juste et respectueux des droits humains, il faut que les décisions et stratégies des différents gouvernements soient telles qu’elles puissent survivre à leur publicité et leur examen par les citoyens éclairés. Julian Assange ne dit pas autre chose. Il met sur la place publique des tractations que les diplomates mènent en notre nom et que nous devrions pouvoir assumer et ce faisant contribue à la réalisation du projet Kantien.
Si Assange est kantien, Hilary Clinton asumera-t-elle qu’elle est machiavélique machiavélienne ou bien adoptera-t-elle Assange comme le digne représentant de la vertueuse diplomatie US? That is the question.
PS: Toutes mes excuses, je ne sais pas pourquoi le texte ci dessus est si minuscule ni comment en changer la taille.
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