Bloguer en burqa
Je ne puis m’empêcher de trouver ironique que des blogueurs qui pour la plupart ont exprimé leur détestation de la burqa exigent de bloguer anonymement!
Moi je dis ça, je dis rien.
Quatre cent
Mesdames et messieurs, elles seraient quatre cent. Oui une brigade de quatre cent dames qui menacent la République en choisissant de se mettre un sac noir sur la tête. Oui d’après le rapport, la majorité de ces dames choisissent cette tenue sans qu’on les y force1. Pis encore, ce rapport chiffré vient des services secrets français. Nous laisserons de coté l’affirmation d’un député communiste français selon laquelle ce chiffre est ridicule, donc faux. Il est effectivement possible que le service de comptage de la CIA française soit infiltrée par Al Quaida mais étant donné que je prends le train tous les matins, j’aimerais autant ne pas envisager cette hypothèse.
Donc elles ne seraient que 400. Et tous les naïfs, bobos, gauchistes, lecteurs de Libération et à tendance islamo-fasciste tombent dans le panneau argumentant que si elles ne sont que 400, elles ne peuvent mettre en péril la République et qu’on devrait les laisser s’habiller comme elles veulent. Ce que ces malheureux naïfs ne voient pas, c’est qu’il y a là une pente glissante qui mène tout droit au terrorisme.
Ces dames commencent par porter des sacs sur la tête puis elles ont chacune, mettons, dix enfants dont la moitié sera de sexe masculin. Étant elles-même de la plante terroriste, elles éduqueront leurs enfants dans la détestation de l’idée de République. Je ne suis pas déterministe, disons donc que seule la moitié des enfants mâles de ces dames deviendront des terroristes. Ça nous fait quand même 1000 futurs terroristes qui, dans 15ans, se feront exploser à Chatelet, Gare de Lyon, Gare du Nord… etc, voire dans des bus comme à Londres.
Êtes-vous vraiment prêts à prendre ce risque avec la vie de nos enfants? Non bien sûr! Alors, je propose humblement que la Commission parlementaire actuelle crée des camps pour ces dames et leurs familles.
Attendez, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit; je n’ai rien contre les musulmans, moi-même je suis musulman, mais MODERE. Je ne veux pas qu’on tue ces dames et leur famille, je propose juste que la République s’assure qu’elles ne se mêlent pas au reste de la population qu’elles pourraient mettre en danger. Quand elles auraient des enfants, on leur donnerait le choix entre les faire adopter par une famille normale ou les garder avec elles dans l’endroit où elles vivent. On pourrait même aménager les camps de sorte qu’il y ait des aires de jeux, des écoles, des piscines et des médecins. L’essentiel est que l’on s’assurent que celles qui y entrent et leurs familles n’en sortent qu’après avoir prouvé à des psychologues qualifiés qu’elles pensent conformément à la population normale.
Oh, je sais que ma proposition fera hurler les droits de l’hommistes, mais laissons les hurler avec les loups, nous, ce qui nous intéresse, ce ne sont pas des concepts abstraits mais d’assurer la sécurité de la population. Parce que pendant que ces bobos discutent dans leurs confortables salons parisiens et sirotent un latte au Starbucks, nous les vrais travailleurs, nous la France d’en bas, nous prenons le RER à Châtelet et nous ne voulons pas nous faire exploser.
PS: Au fait, quand on en aura fini avec ces dames à sac, pourrait-on, SVP s’occuper des différences de salaire entre homme et femme? Je sais que ce n’est pas très important mais si un député avait un peu de temps entre deux lois, ce serait cool d’en parler et d’inciter les autres à faire quelque chose. Je dis ça, je m’en fiche, je ne suis pas une femme et même pas français.
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1Comme quoi donner la liberté de choix à une dame peut avoir des conséquences désastreuses!
Liage burkien
Où l’on comprend que Hegel n’est pas totalement inutile. Le Monde est très didactique.
J’apprends ici qu’il y a deux excellentes raisons d’interdire ce truc: 1) un argument pseudo-philosohique d’Elie Barnavi: “en occident, on montre son visage”. et 2) un argument pseudo-juridique de Bertrand Matthieu “On doit pouvoir, dans la sphère publique, identifier les personnes auxquelles on a affaire”
Sur 1): D’où vient cette soi-disant loi? Depuis quand y a-t-il un truc qui serait Le Grand Livre des Occidentaux et qui répertorierait ce qui se fait ou ne se fait pas en Occident? Je croyais qu’en Occident comme partout ailleurs, ce sont les pratiques des gens qui y habitent et que nous nommerons logiquement « occidentaux » qui déterminent ce qui « se fait » ou pas et contribuent de ce fait à créer la loi et la tradition? Or ces filles, dames ou quoiqu’elles soient sont pour certaines d’entres elles des « occidentales ».
Sur 2): Reste à savoir qui, dans quelles circonstances et jusqu’à quel point, doit pouvoir différencier « les personnes à qui on a affaire ». Qu’un flic ait de temps à autre besoin d’effectuer des controles d’identité me parait normal, pour le reste de la population moins.
Avouons le quoi, nous n’aimons pas les femmes qui choisissent de se voiler parce que nous pensons que dans une société ouverte comme la nôtre, elles devraient voir de manière évidente que le mode de vie que nous leur proposons est meilleur que celui qui est le leur et dans lequel elles sont soumises à leur Seigneur et Maître. Mais je croyais que tout le point d’une société ouverte était que les citoyens avaient le droit de faire des choix (sexuels, politiques, religieux et philosophiques) qui nous sont incompréhensibles et nous mettent mal à l’aise.
PS: Il me semble cependant que cet argument de santé publique devrait marcher, si toutefois il y a quelque chose dans la Constitution qui oblige à faire faire des économies à la sécu!
Dounia Bouzar, la burqua et la nationalité
IL n’empêche que même si je suis d’accord sur ce qu’elle dit sur la burqa, à savoir que pour beaucoup de musulmans, la vue d’une femme qui se voile de la tête au pieds est une honte, je ne suis pas d’accord avec la conclusion qu’elle en tire dans ce rebonds paru dans Libé.
En gros elle dit deux choses:
2- Le conseil d’état s’est laissé manipuler par les intégristes car en affirmant que Mme M. «a adopté une pratique radicale de sa religion, incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française, et notamment avec le principe d’égalité des sexes». le Conseil accepte que l’islam, c’est l’islam des intégristes alors que l’islam des intégristes n’est pas l’islam!
Commençons par le second qui est le plus simple. Je crois que le Conseil d’état a été on ne peut plus clair. Il refuse la nationalité française à cette dame parce qu’elle a choisi une pratique de l’islam qui est incompatible avec ce que le Conseil considère comme une valeur essentielle de la France: l’égalité homme femme. Le Conseil se fiche éperdument de savoir si cette pratique de l’islam est la bonne ou non, il ne statue pas sur ce qu’est ou n’est pas l’islam, il statue sur ce que croit la dame. Point barre. Je ne vois pas en quoi dire que cette dame a « a adopté une pratique radicale de sa religion » est une manière d’accepter la définition de cette religion par les intégristes. A mon avis, c’est un simple constat.
Venons -en maintenant au premier point. Mme Bouzar soutient ce jugement au motif que refuser la burqua, c’est respecter l’islam et considérer qu’une dame qui s’en revêt fait partie d’une secte que la France ne peut pas tolérer en son sein. C’est toujours le même problème que j’ai avec la burqa et autres voiles. En tant que musulman, j’ai du mal avec ça, pour employer un euphémisme. Pour certains de mes coreligionnaires et amis, je suis un hérétique qui conteste des vérités établies et qui ira en enfer pour cela. Le problème, c’est qu’en tant que citoyen et intellectuel, je ne vois absolument pourquoi mon interprétation de la religion musulmane serait meilleure que celle de la personne qui estime que les femmes sont inférieures aux hommes et que les chrétiens, les juifs, les faux musulmans comme moi et les femmes non voilés bruleront tous en enfer. Si quelqu’un croit vraiment ça, je suis incapable de voir pourquoi le fait d’avoir une lecture que personnellement je trouve idiote de sa religion devrait être un motif de discrimination. Si cette personne se trouve être une dame, si elle demande la nationalité française en même temps qu’une autre dame musulmane qui pense comme moi, si la seule différence entre elles est la manière dont elles conceptualisent leur religion, si on accorde la nationalité à l’une mais pas à l’autre, je pense qu’il y a là une atteinte à la liberté de culte de cette personne puisqu’on lui fait comprendre que l’exercice de sa liberté de pensée dans le domaine religieux est borné par ce que pensent d’autres personnes. Que je me trouve être dans les bornes qui font que cette limitation de la liberté de pensée et de culte ne m’atteint pas ne me réjouis aucunement.
Juste une précision; je suis sénégalais, n’ai aucune intention de changer de nationalité et pour autant que je sache, le Sénégal a une procédure d’acquisition de la nationalité infiniment plus aberrante que la France.
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