Nettoyage
On dirait que Ouattarra n’est pas un tendre finalement! Let’s see si Soro passera l’année. Sur IB.
The leader of the so-called Invisible Commandos, Ibrahim Coulibaly, was killed in an offensive on Wednesday, a defence ministry spokesman said.
(…)
Mr Coulibaly, 47 and widely known as « IB », had served as Mr Ouattara’s personal bodyguard.
But he has been reluctant to disarm his fighters, as he was said to be seeking recognition of the role they played in ousting Mr Gbagbo, who refused to accept defeat in last year’s election.
Bon retour, Côte d’Ivoire
Je suis en train d’écouter Ouattara sur France 24 et j’avoue qu’il est assez impressionnant. Il a un discours très construit sur la nécessité de réaliser une véritable unité nationale, de ne pas céder à la chasse aux sorcières et sur l’édification d’institutions perennes qui puissent survivre aux hommes providentiels. Une chose importante sur laquelle il insiste et dont j’espère vraiment qu’il s’y emploiera est la nécessité de punir les siens quand ils ont été responsables d’exactions. S’il réussit à faire la police dans ses propres rangs, tous les espoirs sont permis. Croisons les doigts et espérons qu’il ira au delà des mots.
Ouattara est avant tout un économiste libéral. J’espère que mon principal commentaire le concernant dans les années qui viennent sera sur son idéologie économique plutôt que sur les libertés civiles.
Égaler la Reine Pokou
Le mythe fondateur de la Côte d’Ivoire est celui de la Reine Pokou sacrifiant son fils pour sauver son peuple:
En désespoir de cause, la reine Abla Pokou leva les bras au ciel et se tourna vers son devin : « Dis-nous ce que demande le génie de ce fleuve pour nous laisser passer ! » Et le vieil homme lui répondit tristement : « Reine, le fleuve est irrité, et il ne s’apaisera que lorsque nous lui aurons donné en offrande ce que nous avons de plus cher. »
Aussitôt, les femmes tendirent leurs parures d’or et d’ivoire ; les hommes avancèrent qui leurs taureaux, qui leurs béliers. Mais le devin repoussa toutes ces offres et dit, encore plus triste : « Ce que nous avons de plus cher, ce sont nos fils ! »
Dès lors, Abla Pokou comprit qu’aucune offrande venant de ces hommes et femmes ne serait acceptée par le génie des eaux, fut-elle ultime. Et que seule, elle devait accomplir ce tragique devoir.
Alors, elle s’avança au bord du fleuve, détacha l’enfant qu’elle portait au dos, le couvrit de bijoux et dit solennellement :
« Kouakou, mon unique enfant, pardonne-moi, mais j’ai compris qu’il faut que je te sacrifie pour la survie de notre tribu. Plus qu’une femme ou une mère, une reine est avant tout une reine ! » Puis, sous le regard douloureux de ses soldats et serviteurs, et malgré les sanglots déchirants des femmes, Abla Pokou éleva son enfant au-dessus d’elle, le contempla une dernière fois et, en se détournant, le précipita dans les flots grondants… Aucune larme ne jaillit de ses yeux pourtant rougis, aucun tremblement ne secoua son corps pourtant éprouvé ! Sitôt après ce geste irréversible de la reine, les eaux troublées de la Comoé se calmèrent comme par magie, et toute la tribu franchit le fleuve sans encombre.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’aucun des hommes qui se sont déchiré pour prendre le pouvoir depuis une quinzaine d’années n’a montré la moindre velléité de sacrifier ne serait-ce que sa carrière pour sauver son peuple. J’ai tendance à penser que Ouattarra était le moins pire des dirigeants potentiels et que le peuple avait sagement choisi en votant pour lui. Je n’ai cependant aucune illusion: même si Ouattara était quelqu’un de bien. Il a été obligé de s’allier avec de tels monstres pour arriver au pouvoir que je ne vois pas comment il pourra mener une politique visant l’intérêt de son peuple. Entre les intérêts financiers français et les mercenaires, ce sera difficile de mettre en place une politique réellement conforme aux attentes du peuple ivoirien. Il semble par ailleurs évident que Guillaume Soro est le nouvel homme fort de ce pays. Et quelqu’un qui contrôle une armée privée ne peut être considéré comme démocrate. Maintenant que Gbagbo a été mis hors d’état de nuire, j’espère vraiment que Ouattara réussira au moins à réconcilier les ivoiriens. J’espère également qu’il désarmera toutes les forces armées non officielles. S’il réussit ce tour de force et s’il organise des élections transparentes à la fin de son mandat, il réussira à égaler la Reine Pokou. Je crains cependant qu’il y ait peu de chances. Ce qui est dommage parce que l’Afrique de l’Ouest a vraiment besoin de la Cote d’Ivoire.
PS: J’ai été admiratif durant toute cette crise pour ces gens qui ont animé de Côte d’Ivoire le fil #civ2010 sur twitter malgré les exactions. Comme souvent, les peuples valent infiniment mieux que leurs élites politiques. Félicitations! Même si le plus dur reste à faire, c’est le moment de se réjouir ce soir. Ça va aller!
Pendant ce temps là…
En relisant Kourouma
Relu dernièrement Quand on refuse on dit non de Ahmadou Kourouma. C’est le roman inachevé sur lequel il travaillait au moment de sa mort en 2003 et Birahima, l’enfant soldat d’Allah n’est pas obligé en est de nouveau le héros. L’un des intérêts du livre, en plus de la féroce innocence du Birahima, c’est que Kourouma met en scène les acteurs de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire, nous faisant percevoir les germes de la divisions depuis les travaux forcés de la colonisation jusqu’à l’incroyable rouerie de Houphouët. L’intrigue du roman est simple. Après sa participation à la guerre civile au Libéria, Birahima a rejoint son oncle à Daloa et est un chenepan d’Afrique de l’Ouest presque normal. Il va à l’école coranique et apprend un métier chez un transporteur. Il ne souffre pas du tout de stress post-traumatique et autres maladies de blanc :-). Sauf qu’un jour la ville est attaquée par les troupes de Gbagbo qui assassinent les hommes valides et pillent les propriétés mais ne touchent pas aux femmes et aux enfants parce que: « La religion de Jésus-Christ interdit formellement aux catholiques de faire le moindre mal à des enfants, des femmes, des vieillards et des enfants innocents. » Après ce massacre, la brillante fille de son maitre d’école coranique demande à Birahima de l’escorter vers le Nord et lui confie une Kalashnikov. Au cours de ce voyage, elle lui raconte l’histoire de leur pays et le livre est une sorte de retranscription de ce que Birahima comprend de cette histoire entrecoupé d’évènements survenant pendant le voyage et de réactions de B. sur ce qui l’entoure.
Je vous met deux extraits. Le second souligne ce que j’ai toujours pensé de FHB. Ce mec, par je ne sais quel miracle (l’aide de la France et la corruption de tout ce qui l’entourait?) a réussi à se faire une réputation de « sage de l’Afrique » alors qu’il n’était rien d’autre que le pillard le plus corrompu que l’Afrique ait connu, incapable de se préoccuper des intérêts de son peuple et s’employant avec toute son énorme intelligence à cultiver son mythe de sorte à continuer à mettre tout le pays à son service. Il a promu des médiocres y compris dans le rang des opposants et a très tôt (dès avant les indépendances) abandonné toute velléité de résistance aux intérêts français. Son unique cause, pendant la colonisation était de faire en sorte que les planteurs africains qu’il représentait bénéficient des mêmes atroces avantages (les travaux forcés) que les colons et s’enrichissent comme ces derniers. Ce n’est que par hasard, et non par humanisme, qu’il a fait abolir ce système esclavagiste. Capitalisant sur ce premier geste politique incontestablement bon, il est passé de reniement en reniement d’une situation d’opposant aux planteurs coloniaux à celui de laquais le plus obséquieux de la France.
Le livre ne fait que 150 pages et mérite d’être lu.
Les victimes avaient de la chance: au lieu de pourrir pour servir d’humus au sol qui donne le meilleur chocolat du monde, leurs membres et leurs têtes servaient de repas succulent aux fauves et aux cochons, des bêtes vivantes. Il est beaucoup plus valeureux de nourrir des bêtes que de fournir de l’humus aux plantes. Les plantes, ça ne bouge pas et ça n’a jamais dit grand chose. Les bêtes ça se déplace, ça court, ça voltige, ça hurle, ça grogne et même parfois ça court après l’homme, ça l’attrape, le renverse et le mange vivant. Gnamokodé (putain de la mère)!
…..
« A qui pensez-vous, Monsieur le Président? »
Le « vieux » répondit par une question:
« N’y aurait-il pas dans l’armée ivoirienne, quelque part, un saint-cyrien d’ethnie yacouba?
-Oui Monsieur le Président… Mais vous ne pouvez pas songer au capitaine Gueï pour un poste de responsabilité de cette valeur! Il est très peu sérieux, et surtout il aime beaucoup l’argent et les femmes. C’est l’officier le plus corrompu parmi ceux de son rang.
-Monsieur le ministre, je vais peut-être vous étonner. Mais l’expérience montre que les gens trop propres ont des difficultés à réussir à un certain niveau de responsabilité. Ce capitaine est l’homme qu’il me faut.
La susceptibilité de Monénembo
Dans Le Monde, cet article de Thierno Monénembo. écrivain guinéen qui fait le parallèle entre la crise ivoirienne actuelle et les élections qui ont eu lieu dans son pays il y a quelques mois. Lors des élections guinéennes, il est assez probable que le vainqueur proclamé a triché et bénéficié de la complicité du gouvernement de transition. Il a presque failli y avoir en guinée un génocide des peuls, ethnie du second candidat. Tout ceci s’est fait sous les yeux et avec l’approbation tacite de la »communauté internationale ». L’ONU a quand même validé les élections guinéennes et ne parle pas du tout de commission d’enquête pour juger ceux qui ont tué dans l’entre deux tours.
Dans le cas ivoirien, il est manifeste également que Gbagbo a triché et s’est fait proclamer président au mépris de la loi ivoirienne. Problème, dans ce cas-ci, la »communauté internationale » s’indigne, refuse de le reconnaître et menace de le destituer par la force.
Pourquoi une telle différence de traitement? La théorie de Monénembo est que Ouattara et Alpha Condé ont ce point commun de faire partie de l’élite transnationale mondialisée qui dirige le monde et que cette élite impose les dirigeants partout dans le monde, quoi que veuillent les peuples. J’ai eu à peu près la même discussion dimanche avec un compatriote qui tendait à soutenir Gbagbo parce qu’il ne voyait pas pourquoi la communauté internationale se permettait de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire. L’argument de mon ami était que la soi-disant communauté internationale ayant toujours soutenu des dictateurs et des oppresseurs partout en Afrique et ce que Gbagbo a fait n’ayant rien d’inédit, cette »communauté » est mal placée pour condamner aussi fortement Gbagbo au risque de déclencher une nouvelle guerre civile. Monenembo résume ce sentiment quand il écrit:
Nous ne contestons pas non plus l’élection d’Alassane Ouattara (nous sommes même convaincus que psychologiquement et techniquement, il est mieux outillé que n’importe lequel de ses concurrents pour gouverner). Nous disons simplement que le rôle de la communauté internationale ne revient pas à prendre des positions partisanes et à se répandre en déclarations intempestives encore moins dans une situation aussi explosive que celle de la Côte d’Ivoire.1 Pourquoi le défi et la menace du canon là où la discrétion, la ruse, la prudence et le tact bref, l’art de la diplomatie, auraient suffi ?
Il écrit plus loin:
Se seraient-ils comportés ainsi s’il s’était agi de l’Iran, de la Birmanie ou de la Chine ?
Si nous laissons de coté le ressentiment de Monénembo face à la tiédeur de la réaction de la communauté internationale lors de l’entre deux tours guinéen et si nous sommes assez charitables pour ne pas tenir compte du fait de dire qu’une élite transnationale déciderait des élections en Afrique, ce qui reste de l’article c’est ce sentiment partagé par beaucoup d’africains que nos pays sont traités par le mépris et que les opérations dites de maintien de la paix sont des formes de re-colonisations destinées à piller nos ressources naturelles. Seulement, je pense que sa fierté mal placée aveugle Monénembo, pour lequel j’ai par ailleurs beaucoup de respect.
Considérez son interpellation: « Se seraient-ils comportés ainsi s’il s’était agi de l’Iran, de la Birmanie ou de la Chine ? » La réponse évidente est « Non! ». Seulement, au delà de cette évidence, une réponse plus détaillée s’impose. La communauté internationale, pour autant qu’elle existe, traite différemment des pays différents. Ces trois pays en particulier ont été en fait traité très différemment. L’onu discute de manière très dure avec l’Iran pour lui interdire2 de développer son programme nucléaire. L’onu condamne la Birmanie mais ne fait pas grand chose de plus. L’onu ne pipe et ne pipera mot quoi que fassent les chinois. Sarkozy fait de la lèche à Hu Jintao, joue les bravaches avec Ahmadinéjad et fait semblant d’ignorer que Total a des contrats en Birmanie. Ce qui est valable pour ces trois pays est valable pour les pays d’Afrique. C’est en fonction d’un consensus dépendant en grande partie des intérêts des pays riches que l’onu agit et se prononce. Bongo Jr peut bien tricher aux élections, personne ne dira rien. Wade peut être supérieurement corrompu, tant qu’il préserve la stabilité du Sénégal, on évitera de lui faire des remontrances en public etc…
Ce qu’il y a de particulier dans la situation actuelle de la Cote d’Ivoire, c’est que pour une fois, il y a deux candidats qui sont également compatibles avec les intérêts français. Gbagbo a beau jouer les indépendantistes francophobes, il n’en a pas moins gouverné en attribuant de juteux marchés aux magnats du business français. Ouattara, si jamais il arrive au pouvoir ne remettra certainement pas en cause ces contrats. Donc les intérêts objectifs de la France sont assurés qu’elle que soit l’issue de cette élection.
Gbagbo a eu la stupidité non seulement de tricher mais de ne pas le faire en amont attendant le jour de la proclamation pour intimider en direct à la télévision les responsables de l’institution charger de proclamer les résultats. Une fois cela fait, et étant entendu que Gbagbo n’était pas vital pour les intérêts des grandes puissances, le moins que ces dernières pouvaient faire pour ne pas totalement décrédibiliser l’idée même de communauté internationale était de le condamner et de ne pas valider une manoeuvre aussi grossière. Ce qu’elles ont fait. Il se trouve que les forces de l’onu et les forces françaises se trouvent déjà en Côte d’Ivoire. Si elles ne s’étaient pas limité à un service minimum, ces forces auraient pu déposer directement Gbagbo sans coup férir. Au lieu de ça, elles laissent ses escadrons de la mort sortir la nuit et tuer des opposants. Malgré tout, un Monénembo aveuglé par le ressentiment titre dans Le Monde que « L’ONU recolonise l’Afrique »!
Plutôt que de se laisser aveugler par une susceptibilité mal placée, je pense que la seule question que nous devons nous poser, en tant qu’intellectuels est celle de savoir pour qui les ivoiriens ont voté. Une appréciation objective de ce qui s’est passé force, me semble-t-il, à conclure que c’est pour Ouattara. Si tel est le cas, ce dernier est le Président légitime de la Cote d’Ivoire et toute aide pour que le voeu de ses concitoyens soit respecté est a priori la bienvenue. Si vraiment Monénembo se préoccupait du sort des ivoiriens, la question qu’il poserait est celle de savoir pourquoi les forces de l’ONU ne protègent pas les citoyens ivoiriens des miliciens qui attaquent la population. Ça, il s’en fiche. En revanche, il se vexe que Sarkozy ou Ban Ki-moon grondent un chef d’État africain. Sarkozy ou Ban Ki-moon sont des alliés de circonstance dans la crise ivoirienne. Que leurs intérêts les mènent à faire le bon choix ne devrait pas nous obliger à faire le mauvais choix ou à ne pas exprimer clairement que ce que Gbagbo essaie de faire est inacceptable et devrait appartenir au passé de l’Afrique. Etre indépendant ne veut pas dire être contre, cela signifie réfléchir par soi même et s’autodéterminer indépendamment des autres.
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1C’est moi qui souligne
2De manière totalement illégitime si vous voulez mon avis
Sur la Côte d’Ivoire
Anna Guèye, sur Global Voices en français, récapitule brièvement ce qui s’est passé depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny jusqu’aux dernières élections. Ça vaut vraiment le coup si vous voulez, vous fixer les idées, ou avoir une vision plus complète de ce qui se passe.
Elle reste assez objective et neutre et je suppose que c’est la raison pour laquelle elle ne parle pas du tout de l’ivoirité dont le plus neutre qu’on puisse en dire, est que c’est une idéologie fasciste développée pour exclure Ouattara du jeu politique local. Cette construction intellectuelle ayant abouti à une guerre civile, on peut y voir une parfaite illustration du pouvoir des idées.
Un jour, j’écrirais un post sur ce concept d’ivoirité et sur la contribution des philosophes d’Abidjan à l’éclatement de cette guerre civile. On accuse toujours les philosophes de ne servir à rien; ce jour là, vous découvrirez le pouvoir destructeur de quelques profs de philosophie stipendiés par un pouvoir opportuniste et corrompu. Ça ouvrira des perspectives de carrière inespérés à tous ces étudiants en philo qui se croient condamnés à l’impuissance.
Avoir le sens de l’histoire
Le mari de Lady Macbeth des Tropiques, qui est pourtant historien de formation, a jugé bon de convoquer lors de son investiture les mânes de Napoléon Bonaparte:
En France, Napoléon a pris la couronne et l’a posée sur sa tête pour éviter qu’un autre souverain, le Pape, la lui pose sur la tête.
Un autre souverain africain qui avait convoqué le petit corse est le très sanguinaire « Empereur de Centrafrique par la volonté du peuple centrafricain, uni au sein du parti politique national : le MESAN » j’ai nommé, Jean Bedel Bokassa 1e. Ce dernier en effet avait fait de sa cérémonie de couronnement la copie conforme de celle de Napoléon poussant le mimétisme jusqu’à s’autocouronner. Je suppose que c’est un signe évident de sa folie que Gbagbo, tout historien qu’il est, ne se soit pas rendu compte des résonances de cette évocation.
Photo volée sur le site d’un rejeton de l’aristocratie africaine!
Lady MacBeth des tropiques
La terrible Simone Gbagbo aurait susurré à son mari:
«Si tu acceptes ces résultats, t’es pas un garçon».
Ce qui condense assez bien ce qu’en d’autres temps la non moins terrible Lady MacBeth disait pour encourager son mollasson de mari
MACBETH
Tais-toi, je t’en prie ; j’ose tout ce qui convient à un homme : celui qui ose davantage n’en est pas un.
LADY MACBETH
A quelle bête apparteniez-vous donc lorsque vous vous êtes ouvert à moi de cette entreprise? Quand vous avez osé la former, c’est alors que vous étiez un homme ; et en osant devenir plus grand que vous n’étiez, vous n’en seriez que plus homme. Ni l’occasion ni le lieu ne vous secondaient alors, et cependant vous vouliez les faire naître l’une et l’autre : elles se sont faites d’elles-mêmes ; et vous, par l’à-propos qu’elles vous offrent, vous voilà défait! J’ai allaité, et je sais combien il est doux d’aimer le petit enfant qui me tette ; eh bien! au moment où il me souriait, j’aurais arraché ma mamelle de ses molles gencives, et je lui aurais fait sauter la cervelle, si je l’avais juré comme vous avez juré ceci.
Shakespeare MacBeth I-7.
Juste pour info, à la fin, les MacBeth meurent tous les deux après avoir sombré dans la folie. … Mais bon, ce n’est là qu’une oeuvre de fiction, non?
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