Où l’Université tient son rang
Il n’y a pas longtemps, notre Premier Ministre s’insurgeait contre ce qu’il percevait comme la République des Professeurs. Il n’avait peut être pas tort de s’inquiéter. Quand l’Université tient son rang, ce n’est pas agréable pour les mystificateurs qui font de la politique. Ainsi, quarante-cinq professeurs de Droit et Science Politique ont pris la plume pour démonter la décision de nos cinq singes pardon Sages et faire éclater la forfaiture de notre Président. Personnellement, j’aime bien la péroraison:
En marge de cet argumentaire technique développé ci-dessus, l’avis du Conseil constitutionnel participe d’une dépréciation de l’enseignement de la science juridique dont l’institution universitaire, à travers les Facultés de droit, se trouve investie. Symbolisant le lieu où la pensée juridique dans ses formes les plus complexes est exprimée, l’Université indirectement voire directement est comptable des façons dont le Droit est dit dans l’espace social. L’avis du Conseil constitutionnel quoique en rupture totale avec les enseignements universitaires est, tout de même, perçu par certains sénégalais comme une incapacité de la science juridique, et par conséquent des juristes universitaires, à formuler un propos clair, éloigné de toute spéculation lorsqu’ils sont saisis de questions éminemment sociétales.Loin de promouvoir un corporatisme primaire dénué de tout sens éthique, les auteurs de ce manifeste soucieux de restaurer la dignité ainsi que la noblesse de la science juridique, se désolidarisent de cette présentation du Droit comme une discipline où la ruse, la rhétorique creuse, la spéculation… officient en maîtresses. Cette vision du Droit que le Conseil constitutionnel promeut dans l’imaginaire collectif naturellement ne peut rencontrer l’assentiment des universitaires rédacteurs de ces lignes. Plus que des législateurs (jurislateurs) ou des diseurs du droit (magistrats), c’est la conscience du Droit tout bonnement que la communauté universitaire entend incarner, et ce, sans prétention aucune.In fine, pour paraphraser Ronald Dworkin, les lignes qui parcourent ce manifeste sont une invite à tous les acteurs de la science juridique à prendre le Droit au sérieux.
Le texte entier est publié ici.
Philosophes hypocrites
Le pays où vous avez choisi d’installer une filiale de votre université arrête un de vos profs parce qu’il a fait un usage trop généreux de sa liberté de penser. Comment réagissez-vous? C’est une colle, je dois préciser que vous êtes vous-même philosophe, spécialiste de Leibniz et de Kant et que vous avez courageusement signé une pétition contre les scandaleuses lois mémorielles françaises. Alors? Vous protestez et menacez de déménager votre université sous des cieux plus cléments bien sûr! En fait, non: jugez-en vous même:
Joint par Rue89, Michel Fichant, directeur de l’UFR de philosophie de Paris-Sorbonne et membre du conseil d’administration de la fac d’Abu Dhabi, nie tout lien avec Nasser bin Ghaith :
« Comme de nombreux professeurs, il fait partie des intervenants extérieurs qui enseignent de temps à autre, il est venu une fois l’an passé et une fois cette année. Il ne fait pas partie du personnel de l’université, c’est une affaire émirienne. Ce sont des choses qui peuvent arriver, nous sommes impuissants comme nous le serions ailleurs. Un avocat s’en occupe, nous n’avons pas à nous en mêler. »
Pour mémoire, Monique Canto-Sperber aussi est philosophe.
Décidément, les philosophes n’en sont pas à un paradoxe près.
Prémonition, pêche & mensonge
Ce n’est pas pour me vanter, mais ceci me parait prémonitoire.
J’avoue que je suis scié de la différence de traitement entre des pêcheurs qui contestent une politique basée sur l’intelligence et des universitaires qui veulent que l’on investisse dans l’intelligence. Barnier qui n’a même pas honte de dire que sur la question des quotas, il a les mains liées par l’Europe. Vilaine Europe! Bouh!!!
Ce qui fait bien évidemment le jeu de Mlle Le Pen qui affirmait ce matin que les pêcheurs d’une part ne demandent pas l’aumone et d’autre part savent mieux que personne évaluer l’état des ressources halieutiques. C’est du pur bon sens! Qu’irait-on s’emmerder à demander leur avis à des fainéants de scientifiques qui vivent de nos impôts et n’ont jamais pêché de leur vie? Si je vous dis qu’il n’y a jamais eu autant de cabillaut de mémoire de pêcheur….
Sinon, Eolas continue à démonter les mensonges ministériels….
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