Sport, cerveau & Dieu,

Même mes amis les plus généreux (ou les plus malveillants c’est selon) ne peuvent pas vraiment dire que je sois un sportif. OK, j’adore nager mais seulement dans l’eau de mer. A Paris, c’est un peu difficile vu que la seule plage disponible existe par intermittence et est de toute manière près d’un fleuve dans lequel personne n’ose se baigner. Une fois de temps à autres, je me dis qu’il n’est acceptable de rester aussi amorphe et je commence un cycle de footing mais généralement ça ne dure pas plus d’un mois et je trouve une bonne raison d’arrêter une fois que je me suis assuré que mon coeur fonctionne correctement. Je suis sûr que certains d’entre vous ont le même rapport que moi au sport. Eh bien, grande nouvelle pour vous, je viens de lire un papier sur des expériences de neurosciences qui vont définitivement simplifier votre rapport au sport. En fait, je vous propose carrément, moyennant un peu de mauvaise foi, de vous passer de toute activité sportive inutile et de faire du sport bien tranquillement installé sur votre canapé, sans bouger absolument aucune partie de votre corps, sauf peut être vos neuromédiateurs mais ça, même vous, vous ne vous en rendrez pas compte.
C’est bon? Vous avez fini de vous ébaudir sur mon génie, ma générosité et de me réserver une place au paradis des bienfaiteurs de l’humanité aux cotés de Flemming & de Marie Curie? Merci ça me touche beaucoup. Je vais vous parler du papier et vous verrez que c’est parfois utile de lire des neurosciences. En plus, et tout à fait accessoirement, ce papier peut même vous parler des miracles divins si vous le lisez attentivement (Hum, dis comme ça, ça va donner des espoirs aux mystiques… Ils seront déçus je le crains.) .
Vous savez que jusqu’à très récemment, le dogme était que le cerveau est un organe dont le destin est d’aller vers la dégénérescence de manière irrémédiable. Nos connexions neuronales étaient censées se former assez vite au cours de la vie puis, passé un certain age, nous commencions à perdre des neurones qui n’étaient pas remplacés. D’où Alzheimer et autres Parkinson. Ca, c’était les neurosciences Old School. Avec les progrès en imagerie cérébrale, on s’est rendu compte que le cerveau n’était pas si statique et si irrémédiablement voué à la démolition que ça. En fait, on a même constaté que le cerveau se réorganise au cours de notre vie. Par exemple, en cas de perte de la vue, les parties du cerveau qui étaient dévolues à cette fonction sont ‘colonisées’ par d’autres fonctions comme le toucher. On appelle ça de la plasticité cérébrale et le phénomène est maintenant assez bien connu. Les papiers dont je veux vous parler ont commencé comme des expériences de plasticité cérébrale et d’apprentissage procedural classiques. Ce qui intéressait Alvaro Pascual-Leone et son équipe, c’était de voir comment l’apprentissage non seulement améliorait les performances au piano mais réorganisait également le cortex cérébral. Comme ils s’y attendaient, ils ont constaté que la pratique régulière (ne serait-ce que pendant une semaine) du piano augmentait taille de la partie du cortex contrôlant les doigts. OK, c’est déjà pas mal mais plus vraiment surprenant. L’idée de génie de AP-L a été de demander à un troisième groupe de cobayes de, non pas jouer mais simplement imaginer les mouvements à faire pour jouer au piano et ce, sans mouvoir aucunement leurs doigts. La trouvaille révolutionnaire a été de voir que même dans ce dernier cas, il y a une expansion de la surface corticale contrôlant les doigts. Vous rendez-vous compte? C’est carrément la preuve du pouvoir de l’esprit! Des pensées immatérielles qui ont une influence physique; avouez que ça plaira à tous les mystiques de la terre.
Étant plutôt prosaïque, je déduis de ces travaux que j’ai le droit de ne plus jamais faire de sport de ma vie. En effet, si la simple imagination suffit à modifier le cerveau, il me suffit de me lover confortablement dans mon canapé, de me concentrer très fort et de m’imaginer en train de faire du sport. Normalement, ça devrait modifier mon cortex, accélérer mes battements cardiaques et me maintenir en forme. OK, la méthode n’est pas vraiment au point mais je suis sûr que je suis bien parti pour révolutionner la pratique du sport et par voie de conséquence pour améliorer la santé publique à travers un monde où les gens ont un mode de vie de plus en plus sédentaire. Là normalement, vous vous arrêtez de lire, vous m’applaudissez et vous émerveillez devant les possibilités infinies de farniente qui s’ouvrent à vous.
Plus sérieusement, j’ai repensé à ces expériences en réfléchissant à la notion de miracle dans les religions. J’avoue que j’ai un problème avec ça. L’idée d’un Dieu qui choisirait d’intervenir dans le monde et de modifier les lois de la nature au gré de ses fantaisies me paraît irrationnelle au possible, même pour un croyant. A mon avis, le fait de vouloir recevoir des signes de la part de Dieu traduit une profonde insécurité parce que c’est demander que la foi soit remplacée par un savoir. En même temps, il semble bien que des ‘miracles’ se produisent effectivement. Il arrive que des personnes malades et croyantes se rétablissent après une prière ou une imposition des mains, un bain rituel, la consommation d’un plat sacré ou quoi que ce soit d’autre. Personnellement, je suis assez terre à terre et ai du mal à accepter de telles explications. J’ai toujours pensé qu’il devait y avoir pas mal d’autosuggestion dans tout ça mais ce n’était là qu’une pétition de principe tant que l’on avait pas de mécanisme naturaliste pour expliquer une telle causalité. Ce que je me demande, c’est si ce que décrit AP-L ne pourrait pas être le mécanisme en question. Dans un tel cas, il y aurait effectivement des miracles mais ces derniers ne seraient pas vraiment le fait de Dieu mais du cerveau des croyants. Attention, je ne suis pas en train de dire que Dieu n’existe pas mais simplement que les miracles ne prouvent absolument rien… sauf pour un croyant bien sûr!
PS: J’aurais voulu mettre en épigraphe quelque chose de Pascal mais je n’ai malheureusement pas les Pensées sous la main.
PPS: Je vous mets d’autres liens dès que je peux. Je suis passablement débordé en ce moment.
C’est bon? Vous avez fini de vous ébaudir sur mon génie, ma générosité et de me réserver une place au paradis des bienfaiteurs de l’humanité aux cotés de Flemming & de Marie Curie? Merci ça me touche beaucoup. Je vais vous parler du papier et vous verrez que c’est parfois utile de lire des neurosciences. En plus, et tout à fait accessoirement, ce papier peut même vous parler des miracles divins si vous le lisez attentivement (Hum, dis comme ça, ça va donner des espoirs aux mystiques… Ils seront déçus je le crains.) .
Vous savez que jusqu’à très récemment, le dogme était que le cerveau est un organe dont le destin est d’aller vers la dégénérescence de manière irrémédiable. Nos connexions neuronales étaient censées se former assez vite au cours de la vie puis, passé un certain age, nous commencions à perdre des neurones qui n’étaient pas remplacés. D’où Alzheimer et autres Parkinson. Ca, c’était les neurosciences Old School. Avec les progrès en imagerie cérébrale, on s’est rendu compte que le cerveau n’était pas si statique et si irrémédiablement voué à la démolition que ça. En fait, on a même constaté que le cerveau se réorganise au cours de notre vie. Par exemple, en cas de perte de la vue, les parties du cerveau qui étaient dévolues à cette fonction sont ‘colonisées’ par d’autres fonctions comme le toucher. On appelle ça de la plasticité cérébrale et le phénomène est maintenant assez bien connu. Les papiers dont je veux vous parler ont commencé comme des expériences de plasticité cérébrale et d’apprentissage procedural classiques. Ce qui intéressait Alvaro Pascual-Leone et son équipe, c’était de voir comment l’apprentissage non seulement améliorait les performances au piano mais réorganisait également le cortex cérébral. Comme ils s’y attendaient, ils ont constaté que la pratique régulière (ne serait-ce que pendant une semaine) du piano augmentait taille de la partie du cortex contrôlant les doigts. OK, c’est déjà pas mal mais plus vraiment surprenant. L’idée de génie de AP-L a été de demander à un troisième groupe de cobayes de, non pas jouer mais simplement imaginer les mouvements à faire pour jouer au piano et ce, sans mouvoir aucunement leurs doigts. La trouvaille révolutionnaire a été de voir que même dans ce dernier cas, il y a une expansion de la surface corticale contrôlant les doigts. Vous rendez-vous compte? C’est carrément la preuve du pouvoir de l’esprit! Des pensées immatérielles qui ont une influence physique; avouez que ça plaira à tous les mystiques de la terre.
Étant plutôt prosaïque, je déduis de ces travaux que j’ai le droit de ne plus jamais faire de sport de ma vie. En effet, si la simple imagination suffit à modifier le cerveau, il me suffit de me lover confortablement dans mon canapé, de me concentrer très fort et de m’imaginer en train de faire du sport. Normalement, ça devrait modifier mon cortex, accélérer mes battements cardiaques et me maintenir en forme. OK, la méthode n’est pas vraiment au point mais je suis sûr que je suis bien parti pour révolutionner la pratique du sport et par voie de conséquence pour améliorer la santé publique à travers un monde où les gens ont un mode de vie de plus en plus sédentaire. Là normalement, vous vous arrêtez de lire, vous m’applaudissez et vous émerveillez devant les possibilités infinies de farniente qui s’ouvrent à vous.
Plus sérieusement, j’ai repensé à ces expériences en réfléchissant à la notion de miracle dans les religions. J’avoue que j’ai un problème avec ça. L’idée d’un Dieu qui choisirait d’intervenir dans le monde et de modifier les lois de la nature au gré de ses fantaisies me paraît irrationnelle au possible, même pour un croyant. A mon avis, le fait de vouloir recevoir des signes de la part de Dieu traduit une profonde insécurité parce que c’est demander que la foi soit remplacée par un savoir. En même temps, il semble bien que des ‘miracles’ se produisent effectivement. Il arrive que des personnes malades et croyantes se rétablissent après une prière ou une imposition des mains, un bain rituel, la consommation d’un plat sacré ou quoi que ce soit d’autre. Personnellement, je suis assez terre à terre et ai du mal à accepter de telles explications. J’ai toujours pensé qu’il devait y avoir pas mal d’autosuggestion dans tout ça mais ce n’était là qu’une pétition de principe tant que l’on avait pas de mécanisme naturaliste pour expliquer une telle causalité. Ce que je me demande, c’est si ce que décrit AP-L ne pourrait pas être le mécanisme en question. Dans un tel cas, il y aurait effectivement des miracles mais ces derniers ne seraient pas vraiment le fait de Dieu mais du cerveau des croyants. Attention, je ne suis pas en train de dire que Dieu n’existe pas mais simplement que les miracles ne prouvent absolument rien… sauf pour un croyant bien sûr!
PS: J’aurais voulu mettre en épigraphe quelque chose de Pascal mais je n’ai malheureusement pas les Pensées sous la main.
PPS: Je vous mets d’autres liens dès que je peux. Je suis passablement débordé en ce moment.
En épigraphe cette j’aurais cherché plutot dans le thème éloge de la farniente. 🙂
j’aimerais te citer de beaux motssur le thème mais je crois que je vais me contenter d’imaginer mes doigts tapant sur le clavier et ce sera tout pareil. Non ?
— Doomu Rewmi
Dis voir, est-ce que ton cerveau arrive à coloniser tes muscles et tes cellules adipeuses? Si oui, tu es bon pour le prix nobel de neurosciences et de jogging ha ha ha!
Ce sont des pistes vraiment intéressantes à explorer, même si elles ont leurs limites (comme dans le cas du sport ;-), il faut les aider. La réflexion est vraiment intéressante ; qui peut expliquer comment certains malades considérés par la médecine comme « perdus » ou devant rester au sein de tel ou tel autre handicap à vie, ont réussi, contre toute attente, à dépasser le cap qui semblait être fixé pour eux.
Ce qui serait super, c’est que quand je pense au piano, ce ne soit pas seulement mon cerveau qui progresse mais également mes performances digitales, ça m’arrangerait grandement… Parce que maintenant que je commence à comprendre comment ça marche, je pense à des mélodies mais mes doigts ne sont techniquement pas capables de les jouer alors ça me GAVE!!! Et en plus ça me rend droitière, quelle infâmie!!!
salut Hady Ba
comme il s’agit de religion ET de neurosciences, j’ai très envie de répondre à ton article. j’ai quelques idées mais pas très formées pour l’instant. On verra dans un petit moment quand ça aura mûri dans ma tête… et pour accélérer le mouvement je vais aller prendre une douche! 🙂
à bientôt donc
C’est une très intéressante piste à cogiter pour une irrémédiable allergique au sport comme moi : )). Pour les miracles, le dernier en date pour canoniser Jean-Paul II peut être placé dans la partie « autosuggestion », non ? (quoique « auto » c’est encore à voir..)
j’avais moi-même exploré cette piste il y a un petit bout de temps dans mon article « je maigris mentalement » (qui fait partie de mes articles vedettes). autosuggestion, effet placebo, tout ça, c’est pareil, non ? des conséquences des super-pouvoirs de notre cerveau…
La meditation sur les qualites divines de Krishna nous fait developper ces memes qualites en nous!
J’ai rencontre une fois,un francais dont la femme[frncaise]avait pour gourou un japonais.En regardant les photos de sa famille,j’ai ete surpris:ses enfants avaient des traits japonais!Pendant les grossesses,sa femme a du mediter chaque jour sur son gourou!
Ce phenomene est explique par Maitre Omram Aivanhov[fraterite blanche universelle:galvanoplastie spirituelle