Hady Ba's weblog

Sortir du Franc CFA ?

Posted in Afrique, Economie, Françafrique by hadyba on août 27, 2017

Il est des combats dont la justesse parait évidente. Devons-nous sortir du FCFA ? Évidemment que si ! Le franc CFA n’est même plus une monnaie, c’est un symbole, c’est une survivance d’un passé criminel. C’est la preuve patente de la continuité de l’oppression dont nous autres africains sommes victimes. D’ailleurs, FCFA signifiait à l’origine Franc des Colonies Françaises d’Afrique et si le nom a changé, la chose n’a guère évoluée. La conservation des initiales est ainsi une sorte d’acte manqué à la Freud.

Je suis d’accord avec tout cela et ai bien plus de critiques encore pour le FCFA, son arrimage à l’euro, notre rapport de subordination à la France, etc. Il n’en demeure pas moins qu’en tant que philosophe, j’ai été entrainé à interroger l’évidence. Le FCFA est-il une cause ou est-il un effet ? Que se passera-t-il si nous prenons cette décision qui nous paraît évidemment bonne de sortir du FCFA sans avoir soigneusement et stratégiquement préparé notre sortie ? La garantie que nous donne la convertibilité est-elle si négligeable que ça, surtout maintenant que nous ne sommes plus dans un tête à tête délétère avec la France mais sommes de facto liés à la zone euro dans son ensemble ? Pouvons-nous jouer l’Europe contre la France pour nous libérer des accords léonins qui nous lient à cette dernière ?

Beaucoup d’activistes qui s’agitent contre le FCFA me semblent commettre deux fautes de raisonnemment assez graves :

  1. D’abord ils confondent cause et conséquence : je suis le premier à admettre que le système dans lequel nous nous mouvons est fondamentalement injuste. Nous sommes maintenus par la France dans une relation de dépendance économique. Il nous faut nous libérer de ce carcan pour nous développer. Le FCFA est l’un des constituants de ce carcan et l’un des instruments privilégiés de la domination française. Je suis tout prêt à l’admettre. Je ne crois cependant pas que le CFA soit la cause de cette domination. Cette dernière est multifactorielle. L’un des facteurs les plus importants me paraît être notre situation objective. Nos économies sont exsangues, non pas seulement parce que nous sommes politiquement dominés mais parce que nous n’avons pas suffisamment investi dans un système éducatif efficace, nous ne soignons pas notre population, nous ne promouvons pas l’efficacité économique, nous n’investissons pas suffisamment dans notre agriculture et n’éduquons pas nos paysans etc. Tous ces problèmes là ne seraient pas du tout solutionnés par une éventuelle sortie du FCFA. Il me semble que plus que le FCFA, ce sont ces facteurs là qu’il faut changer pour améliorer notre situation économique. Quand cette dernière se sera améliorée, nous aurons les cartes en main pour contrôler notre monnaie. Si nous contrôlons notre monnaie alors que notre économie et nos sociétés sont toujours dans une situation catastrophiques, cela ne servira à rien d’autre qu’à nous enfoncer davantage.
  2. Deuxième faute de raisonnement qu’ils commettent à mon avis : penser l’économie hors contexte. Ils ont cela en commun avec la plupart des économistes. Par exemple, tout le monde se souvient de la phrase de Smith sur la main invisible, très peu retiennent ce qu’il dit sur la psychologie des marchands : « une compagnie de marchands est, semble-t-il, incapable de se considérer comme un souverain, même après l’être devenu. Les marchands (…) par une étrange absurdité ne tiennent le caractère de souverain que comme accessoire à celui de marchand. » Les marchands, nous dit Smith, alors qu’ils auraient intérêt à avoir un gouvernement arbitre seraient tellement obnubilés par le profit qu’ils seraient incapables de ne pas ruiner tout pays qu’ils contrôleraient. Ce n’est nulle part ailleurs que dans La Richesse des Nations qu’il le dit pourtant, c’est passé totalement inaperçu de la plupart des économistes qui se réclament de lui et qui veulent que le rôle du gouvernement soit réduit à la portion congrue. De la même manière la plupart des penseurs qui exigent que nous sortions du FCFA ici et maintenant pensent hors contexte en ne tenant aucunement compte de notre situation politique. Une chose qui devrait nous mettre la puce à l’oreille est que Idriss Déby est partisan de la sortie du FCFA. À quel moment se retrouver dans le même camp que Déby ne vous fait-il pas réfléchir ? Déby dont la gestion de l’économie tchadienne est tellement catastrophique qu’il avait nommé son frère directeur des douanes puis s’était retrouvé obligé d’emprisonner ce même frère parce qu’il refusait de reverser les recettes douanières au trésor public. Imaginez-vous ça ? Un pays ou une personne privée s’approprie les recettes douanières ? Sortir du FCFA en l’état actuel des choses, c’est soumettre notre monnaie entre autres à Idriss Déby. Je ne fais déjà pas confiance à Macky Sall mais Idriss Déby ? !!! C’est là malheureusement notre contexte actuel. Qui vaut-il mieux pour gérer notre monnaie ? Un mixte de fonctionnaires africains et français contrôlés par l’Europe ou bien des pillards incompétents cooptés par d’inamovibles dictateurs et dont la seule préoccupation est de s’enrichir ? Je suis comme tout le monde, ça me tue de savoir que même ma monnaie n’est pas sous mon contrôle. Il n’en demeure pas moins qu’entre Idriss Déby et Jean Claude Junker ou Emmanuel Macron, je ravale ma fierté et je choisis les seconds plutôt que le premier. Avant de détricoter le délicat édifice qu’est le FCFA, je préfère réaliser un certain nombre de préalables. Le plus important de ces préalables est le fait d’avoir dans toute la zone CFA des dirigeants élus et comptables de leurs actes devant une justice indépendante. Tant que ce préalable n’est pas réalisé, je considère que le contexte n’est pas favorable à une sortie du FCFA. Parce que rien ne serait plus catastrophique et humiliant que de sortir collectivement du FCFA puis de se retrouver dix ans plus tard avec un champ de ruine et d’aller quémander l’aide de la France pour sauver notre économie. Gageons qu’elle nous ferait payer son « aide » au prix cher.

Dans tous ces débats là, vous savez ce qui m’énerve le plus ? C’est la légèreté avec laquelle nous sommes prêt à sacrifier la vie et le bien être économique de millions de nos compatriotes africains au nom d’un panafricanisme de polichinelle. J’ai beaucoup de respect pour Kako Nubukpo par exemple mais où se trouve-t-il actuellement ? À Paris à travailler pour l’AUF l’OIF Si la zone CFA s’effondrait serait-il personnellement affecté ? Beaucoup de personnes qui s’activent pour la sortie du FCFA tout de suite soit vivent en Europe ou aux USA soit sont payés par des capitaux non africains. Ils vont tenir leur posture d’Afroclowns et m’accuser d’être un nègre de maison parce que je dis que ce ne serait peut être pas une bonne idée de sortir tout de suite de la zone CFA ou de rompre avec l’occident. En attendant, moi je vis au Sénégal, avec un passeport sénégalais et suis payé par l’État du Sénégal. Je n’ai pas la latitude de tenir une posture et de jouer au révolutionnaire avec ma propre monnaie. Je contribue concrètement à créer les conditions pour que le FCFA devienne obsolète et que les termes de l’échange avec le reste du monde change.

 

Fillon le négationniste

Posted in Françafrique, France by hadyba on octobre 13, 2011

Je n’ai vraiment pas le temps d’écrire un post sérieux en ce moment mais j’apprends dans le Canard de cette semaine que Fillon aurait eu l’outrecuidance d’aller à Yaoundé en 2009 pour déclarer à propos du massacre des bamilékés:

Je dénie absolument que des forces françaises y aient participé en quoi que ce soit

Sous ses dehors de notable de province policé, ce type est peut être pire que Sarkozy! C’est toutes proportions gardées, comme si Angéla Merkel allait à Jerusalem pour nier que l’armée allemande ait participé à l’holocauste. Au Cameroun entre 1955 et 1962 c’est un crime contre l’humanité qui s’est déroulé sous la supervision directe du Général de Gaule via Jacques Foccart et Pierre Messmer futur premier ministre de la République Française. Non seulement au moins 100000 hommes, femmes et enfants ont été massacré, mais en plus ils ont complètement décapité l’intelligentsia camerounaise tuant quiconque était diplomé ou avait un pouvoir symbolique mais refusait de se soumettre à la France. Cela leur a permis d’installer un régime fantoche qui se perpétue encore et qui encore aujourd’hui préserve les intérêts économiques de la France. Si Paul Biya peut en 2008 tirer sur sa population et tuer 100 personnes qui manifestaient contre la cherté de la vie, s’il peut organiser en 2011 des élections remarquablement dénués d’enjeux, c’est parce que la campagne de massacre de l’armée française a durablement désorganisé les contre pouvoirs possibles. Et parce que le contrôle économique et politique de la France sur le Cameroun est total. Ce contrôle a été acquis dans le sang et en commettant les crimes les plus horribles. François Fillon, premier ministre de droite de la République Française est le rejeton de la famille politique criminelle qui a commis ces crimes. S’il ne peut pas s’en excuser au moins aurait-il du avoir la décence de se taire.

Tout ceci est totalement documenté. Version longue, vous pouvez lire Kamerun qui sur plus de 600 pages rapporte munitieusement ces crimes. Version courte, vous pouvez lire le livre Main basse sur le Cameroun qu’un Mongo Béti indigné par le silence complice de la presse française a écrit en 1972 et qui a été immédiatement censuré par l’État français.

Le Métaphysicien des nègres

Posted in Françafrique, France by hadyba on septembre 13, 2011

Sarkozy sur Bourgi:

Toi, tu étais un grand connaisseur de l’âme africaine et tu portais déjà cette affection pour l’Afrique qui t’anime toujours

Source

Je propose qu’on l’appelle Aristote 🙂

Tu m’étonnes qu’ils mènent une politique d’exception sur le continent s’ils ont une vision tellement raciste des gens qui y habitent qu’ils pensent qu’il leur faut un sorcier blanc pour faire le lien entre ces deux mondes incommensurables. Notez que c’est la même chose qui revenait déjà quand Guéant parlait de Bourgi dans Le Monde en aout 2009. Il serait vraiment temps que les politiciens français quittent la période coloniale et nous rejoignent au XXIe siècle!

L’aspirant parrain

Posted in Afrique, Françafrique, France by hadyba on septembre 12, 2011

J’avoue que là je commence à aimer ce parasite de Robert Bourgi…

Parfois des français me disent avec condescendance et arrogance qu’ils veulent « aider l’Afrique » et souvent ma réponse ne leur plait pas. « Si vous voulez vraiment nous aider, surveillez ce que font vos dirigeants et chefs d’entreprise en Afrique, luttez contre l’incroyable corruption de votre élite et nous, nous nous chargerons du reste. Nous n’avons pas vraiment besoin de votre aide, nous avons besoin que vous cessiez de nous nuire. » Ça ne passe pas parce que ce sont nos dirigeants qui sont censé être corrompus. Si nos pays ne fonctionnent pas, c’est notre faute et uniquement notre faute. Ça fait 60ans qu’on nous aide et nous sommes incapables de nous développer. La vérité, selon moi, c’est que la corruption des élites africaines n’est pas le principal problème. C’est un processus normal qui se résorbe avec le temps, au fur et à mesure que le peuple prend conscience de son pouvoir et commence à exiger que les politiques s’occupent de lui. Mais un tel processus n’est possible que si les politiciens ont face à eux le peuple et qu’ils sont obligés de négocier la servitude de ce dernier. Dans la plupart des pays africains, les élites sont entre l’enclume du peuple et le marteau des forces occidentales. Si elles s’accommodent du marteau, il les aidera à battre l’enclume. S’ils se placent du coté du peuple le marteau les écrasera tous les deux comme il le fit avec Sankara. Les élites africaines étant comme toutes les élites égoïstes et rationnelles, le choix est vite fait. Elles acceptent de devenir les forces supplétives de Shell, Bouygues, Bolloré, Areva, Total ou de l’État français contre leur peuple. C’est une question d’incitations.

Au moment des indépendances africaines, ce système avait été mis en place par des gaullistes patriotes qui avaient à coeur de préserver les intérêts de la France sans maintenir une colonisation qui était devenue moralement et intellectuellement injustifiable. On peut difficilement leur en vouloir. Ça s’appelle de la realpolitik. Petit à petit, c’est devenu un système occulte grace auquel les élites africaines et européennes se sont enrichies de manière phénoménale en buvant le sang des peuples africains. Pour couvrir ce fait brut, on a adopté un langage misérabiliste dans lequel l’Afrique est vue comme un océan de douleur dont on ne comprend pas vraiment d’où viennent les malheurs qui l’emplissent mais qu’il s’agit de vider. Or chacun se doute bien que vider l’océan est une tâche sans fin! L’étape suivante a été celle de la montée en puissance de Bongo qui est passé de frêle dirigeant corrompu installé au pouvoir pour veiller sur des puits de pétrole et réprimer la révolte des indigènes à corrupteur tout puissant arrosant les politiques français qu’ils soient de gauche ou de droite. Ayant compris la puissance relative que lui donnait son argent sur les politiques français, Bongo en arriva à transmettre des ordres au Président de la République française; ordres qui furent exécutés promptement.

Nicolas Sarkozy, malgré ses rodomontades habituelles et son affirmation durant la campagne électorale qu’ il établirait de nouvelles relations franco-africaines, a été obligé d’obéir à un ordre direct de Bongo. « Virez-moi Bockel! » Foccart et le Général s’en sont sans doute retourné dans leurs tombes! Et on voudrait nous faire croire qu’un Nicolas Sarkozy qui obéit sans broncher à un ordre du corrupteur en chef, n’était pas au courant ni n’était bénéficiaire des magouilles de ce corrupteur? Come on!

A présent, Bongo est mort et brule en enfer. La place de parrain est à prendre. La seule manière de devenir parrain, c’est de tuer et de menacer. On envoie un signal très clair. C’est ce que ce médiocre Bourgi qui a été à bonne école et qui a vu comment Bongo s’est débrouillé pour devenir tout puissant à Paris est en train de faire. Son objectif est rien moins que de devenir le nouveau gouverneur général de l’Afrique. Ses accusations contre Villepin et Chirac ne sont pas gratuites, ce sont des menaces voilées contre le Chef de l’État français actuel pour qu’il lui laisse les coudées franche en Afrique et lui délègue les intérêts français dans le continent noir. Il y a cependant deux détails qu’il laisse de coté. Le premier est que la plupart des pays d’Afrique sont plus ou moins démocratisé et le système qu’il cherche à perpétuer appartient définitivement au passé. Le second est que les dirigeants français, même aussi médiocres que Sarkozy et Guéant, ne sont pas tout puissants mais dépendent de forces économiques, politiques et militaires qui n’ont pas nécessairement intérêt à ce qu’un aventurier comme Bourgi ait autant d’emprise sur eux et dispose du contrôle de l’armée française pour mener une politique personnelle en Afrique. La raison pour laquelle je commence à aimer Bourgi, c’est que sa mégalomanie est une bonne chose pour l’Afrique. Je suis sûr qu’il vient d’ouvrir une boite de Pandore grace à laquelle les sales secrets de la Françafrique seront (peut-être, il serait stupide de compter sur l’indépendance de la justice française dans certains domaines) soumis à la justice française ce qui contribuera à libérer les pays d’Afrique de l’emprise française. Croisons les doigts, achetons du pop corn et admirons comment le rejeton dégénéré des amours de Foccart et de Bongo fera imploser le chateau familial. La mort d’un parrain et la guerre de succession qui s’ensuit sont toujours porteurs d’espoir pour les bons citoyens…

Oui, rêvons…

Ignoble Calixte Beyala

Posted in Françafrique, France by hadyba on février 25, 2011

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Je savais que Calixte Beyala était une plagiaire mais j’étais loin de me douter qu’elle était à ce point ignoble! Ça donne littéralement envie de vomir. En ce qui concerne la réputation de violeur de Kadhafi, même Jeune Afrique (qui est pourtant un journal vendu au plus offrant) avait fait il y a quelques années un dossier sur les multiples journalistes femmes qui ont eu à subir ses assauts. N’importe qui s’intéresse un tant soit peu à la politique africaine est au courant de cet aspect de sa personnalité.

PS: Pourquoi les seuls noirs/africains invités à la télé française sont des crétins finis?

Update: Phersv’s take.

Oh France, pays des Droits de l’Homme!

Posted in Françafrique by hadyba on janvier 15, 2011

Il y a quelques jours, au plus fort de la contestation, Michèle Alliot-Marie, Ministre des Affaires Étrangères de la République Française (Pays des Droits de l’Homme, je vous le rappelle) faisait, dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale Française, la proposition suivante:

« Nous proposons que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type.

C’est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays [Algérie et Tunisie, ndlr], dans le cadre de nos coopérations, d’agir en ce sens pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité. » (Voir la vidéo de BFM-TV)

Source

 

Cette nuit, après que le peuple tunisien avait chassé son dictateur et que ce dernier errait dans le ciel à la recherche d’un point de chute, on apprenait du Ministère français des Affaires Étrangères (toujours dirigé par la même Michèle Alliot-Marie qui offrait gracieusement ses services à la Tunisie) que la France ne « souhaitait pas accueillir » M. Zine El Abedine Ben Ali parce que la France est aux cotés du peuple tunisien.

Toujours cette « France qui n’est pas la France » pour laquelle Senghor avait tant d’indulgence:

III
Tue-le Seigneur, car il me faut poursuivre mon chemin, et je veux prier singulièrement pour la France.
Seigneur, parmi les nations blanches, place la France à la droite du Père.
Oh ! je sais bien qu’elle aussi est l’Europe, qu’elle m’a ravi mes enfants comme un brigand du Nord des bœufs, pour engraisser ses terres à cannes et coton, car la sueur nègre est fumier.…/…
Oui Seigneur, pardonne à la France qui dit bien la voie droite et chemine par les sentiers obliques
Qui m’invite à sa table et me dit d’apporter mon pain, qui me donne de la main droite et de la main gauche enlève la moitié.
Oui Seigneur, pardonne à la France qui hait les occupants et m’impose l’occupation si gravement
Qui ouvre des voies triomphales aux héros et traite ses Sénégalais en mercenaires, faisant d’eux les dogues noirs de l’Empire
Qui est la République et livre les pays aux Grands-Concessionnaires
Et de ma Mésopotamie, de mon Congo, ils ont fait un grand cimetière sous le soleil blanc.

IV
Ah ! Seigneur, éloigne de ma mémoire la France qui n’est pas la France, ce masque de petitesse et de haine sur le visage de la France
Ce masque de petitesse et de haine pour qui je n’ai que haine — mais je peux bien haïr le Mal.
Car j’ai une grande faiblesse pour la France.
Bénis ce peuple garrotté qui par deux fois sut libérer ses mains et osa proclamer l’avènement des pauvres à la royauté
Qui fit des esclaves du jour des hommes libres égaux fraternels
Bénis ce peuple qui m’a apporté Ta Bonne Nouvelle, Seigneur, et ouvert mes paupières lourdes à la lumière de la foi.…/…
Je sais que nombre de Tes missionnaires ont béni les armes de la violence et pactisé avec l’or des banquiers
Mais il faut qu’il y ait des traîtres et des imbéciles.

 

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Que les morts enterrent les morts

Posted in Afrique, Françafrique, Oh my God! by hadyba on décembre 29, 2010

Ceci:

Dernier exemple en date: l’annonce mardi 28 décembre dans Le Parisien et confirmée rue de Solférino, du départ de deux avocats français, et non des moins connus, pour assurer la défense de Gbagbo à Abidjan: Jacques Vergès, 85 ans, et Roland Dumas, 88 ans, ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand.

«Roland Dumas a été invité par Paul Yaoundré, le président du Conseil constitutionnel ivoirien (pro-Gbagbo). C’est un autre proche de Gbagbo, Marcel Ceccaldi, ex-conseiller juridique de Jean-Marie Le Pen, qui a servi d’intermédiaire entre les deux hommes», précise Frédéric Lejeal, rédacteur en chef de la Lettre du continent, qui avait eu vent de l’affairedès le 23 décembre. «Roland Dumas se rend à Abidjan pour vérifier les procès verbaux compilés par le Conseil constitutionnel.»

Quant à Vergès, il a choisi son camp dans un entretien au journal burkinabé Le pays le 15 décembre, où il reprochait à l’«Occident» d’avoir appuyé trop vite Alassane Ouattara.

 

ne mérite même pas d’être commenté.

 

Sur le Togo

Posted in Françafrique by hadyba on août 11, 2010

Vous pouvez lire ceci ou mieux, ce roman.

Juste pour mettre les choses en perspective. Quand le président Eyadéma Sr est décédé en 2005, que son fils a voulu lui succéder mais que le peuple togolais a manifesté son désir de décider lui-même de son sort, la garde présidentielle togolaise a tué au minimum 500 manifestants pour leur apprendre à vivre. 40000 togolais ont fui le pays pour les pays voisins et Eyadéma Jr s’est auto-élu. L’armée togolaise tue impunément quiconque ose simplement lever un sourcil plus haut que l’autre et sa garde présidentielle est le corps d’élite connu pour avoir perpétré les pires horreurs.

Etant donnée cette réputation de la RCGP, la menace brandie par cet officier français contre le pauvre journaliste togolais qui avait eu l’outrecuidance de le photographier est particulièrement ignoble. Ce qu’il lui dit, c’est:

Je ne me donnerais même pas la peine de te tuer misérable insecte, il me suffit de lâcher contre toi ma bande de sauvages et ils se feront un plaisir de te massacrer.

La République Française doit être fière de savoir qu’elle a des serviteurs aussi implacables pour exporter la démocratie en Afrique.

L’article de rue89.com.

PS: Certains journalistes africains pourraient donner des leçons de courage à leurs confrères du Monde!

Robert Bourgi comme symptôme

Posted in Françafrique by hadyba on août 29, 2009

Article passionnant du Monde sur Robert Bourgi et la Françafrique.

Ce type ne mérite même pas qu’on le méprise.

Cette phrase de Guéant, en revanche, me parait assez révélatrice du racisme de l’élite politique française incapable de voir les pays d’Afrique Noire comme des partenaires politiques et économiques normaux mais toujours comme un mystère, un imbroglio ethnico-tribal que seuls des spécialistes occultes peuvent décrypter. Ce qui explique la prospérité de fumistes comme Bourgi, la persistance de la Françafrique et le discrédit de la France en Afrique Noire.

Voici l’impérissable phrase:

Claude Guéant explique qu’il « aime bien bavarder avec lui des réalités africaines ». « Il perçoit l‘importance des phénomènes tribaux, des croyances, argumente le secrétaire général de l’Elysée.

Toujours cette idée prégnante de l’Afrique noire comme réserve de sauvages qui s’affrontent entre tribus et qui ont besoin de Tarzan pour les pacifier!

Vampire des africains

Posted in Françafrique by hadyba on août 12, 2009

Ce qui se passe en ce moment au Niger est infiniment triste.

La France vient d’honorer son pacte secret (enfin, secret, hum…) avec Tandja en approuvant son coup d’Etat (comme elle avait jadis approuvé le coup d’Etat de Baré, cette autre tentative de restaurer le commandement néocolonial au Niger). Il semble aussi que finalement les peurs al-qaédiques des Américains vont jouer (pour un temps que je calcule bref) en faveur de Tandja. La constellation qui l’avantage pour le moment est une sorte d’entente néocoloniale qui dit ceci :  Moi, Tandja j’installe une dictature militaire qui te permet à toi, France, d’avoir mon uranium pour un pourboire ; toi France, tu me soutiens en consolidant mon emprise sur l’armée (qui est, de toute façon, ta chose) et en m’aidant à échapper à la réprobation internationale ; toi, Amérique, tu fais confiance en mon alliance entre la France et moi pour créer un climat de stabilité intérieure qui barre la route d’Al-Qaeda au Niger. Et – nouvelle donne – toi, Chine, je te brade du pétrole et tu me donnes des sous pour arroser mes partisans et me payer de ma peine. Le Niger en sortira perdant, mais je suis un barbon et je n’ai rien à perdre, faites-moi confiance.

Dans le jeu des puissances, le soutien le plus solide de Tandja n’est cependant pas l’Amérique (sable mouvant), ni la Chine (nouvelle venue), mais la France, toujours passionnée de dictateurs africains. C’est son joker.

Ce pacte néocolonial est apparemment parfaitement raisonnable dans sa logique – il semble tenir la route. Détail : il faut certes que les Nigériens consentent à voir leurs institutions détruites et la construction de leur civilisation collective résorbée. S’ils résistent, ils devront payer, en versant leur sang et en voyant leur pays transformé en une vaste prison, où leurs aspirations à long terme seront abrogées ou suspendues sine die.

La France jette le masque et révèle donc son vieux visage de vampire des Africains. « C’est à ce prix là que vous mangez du sucre… », disait le nègre du Surinam. « C’est à ce prix que vous avez de l’électricité pas cher… » Mais trois siècles de cet état des choses, c’est assez ! Il faut absolument trouver les moyens d’étendre le domaine de la lutte.

Le reste est à lire ici. A chaque fois que nous allumons l’électricité en France et que nous le payons à bon marché, c’est parce que nous avons accepté de priver les nigériens du droit de choisir leur dirigeant. Parce qu’un dirigeant démocratiquement élu pourrait vouloir que son uranium soit vendu à un prix correct et profite à son peuple.

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