Hady Ba's weblog

Organiser la fuite…

Posted in immigration, Sénégal, Spéculation gratuite by hadyba on décembre 1, 2014

J’ai passé dix ans en France. Puis j’ai décidé de rentrer. Malgré ma décision personnelle de rentrer, je n’ai pas de problème particulier avec la prétendue fuite des cerveaux. Je pense que les êtres humains ne sont pas du bétail que leur propriétaire a le droit d’enfermer dans un enclos et d’utiliser comme il le veut. Si les ressortissants des pays pauvres comme le mien estiment qu’ils veulent vivre dans un pays développé et confortable, je ne vois pas de quel droit on devrait les obliger à rester pour partager le sort de leurs compatriotes… à condition bien évidemment que le pays de leurs rêves veuille bien d’eux.

Ce qui désole le plus les gens, c’est que les pays qui accueillent les migrants ont la fâcheuse tendance à ne vouloir recevoir que nos migrants les plus compétents. Les pays sous-développés n’ont par définition pas beaucoup de ressources. Nous en consacrons une part importante pour former des gens et une fois que nous pensons retirer les fruits de ces investissements, ces personnes dont nous avons financé la formation s’envolent vers des cieux plus cléments. Ainsi ai-je entendu l’autre jour qu’alors qu’il n’y a qu’une vingtaine de psychiatres dans tout le Sénégal, il y aurait une quarantaine de psychiatres sénégalais en France. Je suppose que c’est vrai de beaucoup de spécialités médicales. Ma première réaction en entendant ce chiffre a été de penser : « Mais il faut empêcher ça ! » Puis je me suis souvenu que ce serait là aller contre les droits de ces médecins. En fait la vraie question est : « Pourquoi n’en forme-t-on pas plus ? » Nous avons une bonne fac de médecine qui sélectionne à mort les entrants et forme très peu de médecins. Et parmi ces médecins, beaucoup s’expatrient . Qu’est-ce qui empêche vraiment notre pays d’investir dans la formation des médecins de sorte que même après que beaucoup d’entre eux se seront expatriés, il en restera quand même suffisamment pour soigner nos compatriotes ?

Plus généralement, une question que je me pose est la suivante : pourquoi, en tant que pays sous-développé n’investissons nous pas massivement dans l’éducation en nous disant que si nos jeunes sont bien formés, soit ils trouveront/créeront de l’emploi chez nous, soit ils auront des capacités qu’ils pourront monnayer à l’étranger ?

Je suis conscient que l’on peut m’opposer l’argument évident selon lequel l’éducation coûte cher à l’État et que nous n’avons donc pas à investir dans l’éducation de nos jeunes pour que les autres pays en profitent. J’avais tendance à raisonner de cette manière là. Mais d’une part, je trouve que c’est faux que l’éducation coute cher. Au Sénégal tout comme dans la plupart des pays du monde, les profs sont notoirement mal payés. Notre gouvernement brandit toujours le chiffre impressionnant de 35% affirmant que l’éducation nationale engloutit 35% de notre budget national. Ce qu’il se garde de dire, c’est que nous ne dépensons que 6% de notre produit intérieur brut pour éduquer l’ensemble de notre population. Ces 6% sont équivalents à la part de son PIB que la France consacre à l’éducation. Sauf que la France a un PIB considérablement plus important que le nôtre et des structures éducatives bien plus anciennes. Notre système éducatif est encore en construction, le leur est mûr. Or nous sommes un pays pauvre et sans ressources naturelles qui ne pourra se développer que si nos ressources humaines sont de qualité, ce chiffre de 6% me paraît donc plutôt ridicule dans notre cas. Il me semble quant à moi que l’on doit certes se préoccuper de l’efficacité de l’argent dépensé dans le secteur éducatif mais que l’on doit se donner pour objectif que TOUTES les personnes qui naissent dans ce pays bénéficient d’une éducation de qualité et jusqu’à un niveau avancé. Cela, non par idéalisme, mais par souci d’efficacité : s’il n’est pas sûr que la formation suffise à développer un pays, il me semble en revanche évident qu’une masse de citoyens sans formation ne peut pas faire grand bien à l’économie d’un pays. Par exemple notre agriculture occupe 70% de notre population pour des rendements très faibles qu’une meilleure formation des agriculteurs pourrait certainement améliorer.

Mais que faire de gens bien formés si notre économie est exsangue ? C’est là que j’ai eu une idée folle : je me demande si nos États ne devraient pas favoriser l’émigration plutôt que de vouloir à tout prix lutter contre la fuite des cerveaux. Certes on a formé ces gens là et si on les laisse partir, c’est au développement d’autres pays qu’ils contribueront. Mais… d’une part, ce n’est pas sûr que le pays formateur soit perdant. En effet, les émigrés envoient de l’argent à leur famille restée au pays. Et si l’on en croit les chiffres de la banque mondiale, cet argent représente le triple de l’Aide Publique au Développement. Cet argent profite directement aux populations qui sont quand même les mieux placées pour savoir dans quoi elles veulent investir. Par ailleurs, cette « fuite » pourrait n’être pas définitive. J’ai passé 10 ans en France et ai appris des choses que je n’aurais pas apprises si j’étais resté au Sénégal. Maintenant je suis de retour sans que personne ne m’y ait incité. Il me semble que mon cas n’a rien d’exceptionnel. Quand les gens partent et acquièrent des compétences, il arrive fréquemment un moment où ils ont envie, pour moult raisons, de rentrer chez eux. Souvent, ils reviennent avec non seulement de nouveaux savoir faire mais également de l’argent à investir ainsi que des idées de business qu’ils n’auraient pas eues s’ils n’avaient pas séjourné à l’étranger. De ce fait leur voyage est à terme bénéfique au pays. D’autre part, il y a des formations qui n’ont pas de débouchés dans un pays sous-développé mais dont je me dis que ce serait dommage qu’elles n’existassent pas rien que pour cette raison. Par exemple, rien que pour des disciplines aussi cruciales que la médecine, ce ne sont pas toujours les talents qui manquent mais l’infrastructure. Nous avons des hôpitaux dans lesquels manquent des anesthésiants voire du fil chirurgical alors que nos professeurs de médecine sont parfaitement qualifiés pour pratiquer de la chirurgie cardiovasculaire. Ne doivent-ils pas l’enseigner ? Je pense que si mais quid des diplômés dans cette spécialité si n’existe qu’un seul hôpital où elle se pratique dans tout le pays ? Je préfère qu’ils s’expatrient, continuent à apprendre et reviennent s’ils le veulent au moment où leur pays sera prêt à les accueillir plutôt que de leur refuser une formation pour laquelle ils ont du talent.

Pour toutes ces raisons, je me demande si et jusqu’à quel point la fuite des cerveaux est vraiment une perte pour les pays qui voient partir leur main d’œuvre la plus qualifiée. Un État responsable quantifierait ce genre de chose et au besoin organiserait la fuite des cerveaux plutôt que de lever les yeux au ciel et de se lamenter.

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Authueil et Zimmerman

Posted in France, immigration, USA by hadyba on juillet 16, 2013

« On which aspect one concentrates in judging others will depend on the character of the particular judge »

Nelson Mandela

Ce qui me fascine quand je suis le débat public dans un pays comme la France, c’est avec quelle vitesse ils sont en train de désapprendre les acquis du vingtième siècle. On a du mal à se rendre compte à quel point sous un vernis de sophistication, les pays européens étaient arriérés jusqu’au 19e siècle avec les pogroms, le nationalisme exacerbé, le patriarcat etc. Il suffit pourtant de lire ce qui est considéré comme la quintessence de la pensée et de la civilisation, la philosophie, pour s’en convaincre. Ne parlons même pas de Hegel, vous aimez Kant ? Ne lisez pas Emmanuel Ezze , vous découvririez que votre héros est un gros raciste ! Spinoza ? Allez à la fin du Traité Politique, et vous y apprendrez que les femmes sont des êtres inférieurs qui ne doivent en aucun cas diriger. Hume peut être ? J’ai ceci pour vous : « I am apt to suspect the negroes and in general all the other species of men (for there are four or five different kinds) to be naturally inferior to the whites. »

Il a fallu d’abord ceux que Ricoeur a nommé les maîtres du soupçon (Nietzsche, Marx et Freud) pour que l’occident sorte de son arrogance et se prenne véritablement comme objet d’étude. Après cela, il deviendra possible de ne plus considérer les valeurs et l’organisation des sociétés européennes comme un réglage par défaut reflétant la rationalité idéale ; tout ce qui s’en écarte relevant de la barbarie. Cette prise de distance survenue au XIXe siècle est qui a permis la véritable naissance de l’ethnologie et est le terreau sans lequel l’œuvre de Claude Lévi-Strauss n’aurait pas pu exister. La grande leçon de ce dernier a été de nous faire prendre au sérieux le relativisme culturel de se dire que nos organisations sociales sont aussi peu nécessaires que l’association par une langue d’un signe linguistique donné à un concept donné. Malgré cela affirme Lévi-Strauss, aucune organisation sociale n’est irrationnelle. C’est un ensemble de réponses qu’un groupe humain particulier apporte à un ensemble de défis que lui pose son environnement. Une lecture hâtive de Lévi-Strauss voudrait qu’il soit un relativiste culturel invétéré considérant que tout se vaut et que nous devrions nous abstenir de juger les autres cultures. Il n’en est rien. Tout ce qu’il dit, c’est que l’on ne peut pas se focaliser sur les valeurs de sa propre culture, en faire un absolu et juger toutes les autres cultures en fonction de la direction et des intérêts de sa propre culture. Pour véritablement juger une société ou une culture, encore faut-il s’assurer qu’on a compris ce qui est au fondement des agissements qui nous paraissent étranges. Les caractéristiques de notre société et de notre culture ne tiennent pas à un quelconque « génie » comme aurait dit Ernest Renan mais à un ensemble de conditions objectives tellement vastes qu’il nous serait difficile voire impossible de les récapituler.

Grace à son petit texte Race et Histoire, Lévi-Strauss avait réussi à définitivement assoir dans l’esprit de tout homme cultivé que « Le barbare c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie. » N’importe qui a passé le bac dans un pays francophone a nécessairement lu ce texte. Je ne crois pas que quiconque est doté d’un minimum de culture et a été éduqué en France aurait pu, jusqu’aux années 90, parler sérieusement de « barbares » pour désigner des populations dont il ne comprend pas les agissements.

Maintenant, considérez ceci. Il y a une semaine, un train déraille en région parisienne. La presse rapporte dans la nuit que les populations locales auraient agressé les forces de l’ordre et pompiers venus porter secours et détroussé les victimes. Automatiquement, un blogueur français écrit un post hallucinant oscillant entre paranoïa et racisme (au moins) de classe. Il fait clairement le distinguo entre le groupe auquel il appartient (nous/les centre ville/centre de Paris) et celui des assaillants (eux/populations/ils/). Il affirme que nous savions tous que la banlieue française était un « dépotoir » qu’y étaient « parquées » des populations dont les gens comme lui ne voulaient pas près d’eux… Partant du fait, à son avis établi*, que ces populations ont préféré aller dépouiller des morts et blessés plutôt que de leur porter secours**, il estime qu’il est urgent d’aller « mesurer le degré de « retour à l’état sauvage » de certaines franges de la population ».  Oh bien sûr, l’objectif avoué de l’article est d’inciter les pouvoirs publics à aller voir ce qui se passe en banlieue et au besoin à y investir encore plus. Mais tout l’article essentialise tellement la différence entre « eux » et « nous » qu’il est impossible d’en rater la charge raciale. Les commentaires seront moins pudiques sur la nature des barbares. Ils sont forcément étrangers et basanés.

Vous vous dites que c’est juste un post de bourgeois apeuré et un peu ridicule. En fait pas vraiment, Authueil est ce qu’on appelle un blogueur influent. Et s’il est certes probablement bourgeois, ce n’est pas un simple commerçant enrichi. Il travaille pour le Parlement français et est parfois repris dans la presse française. C’est à tout point de vue, ce que l’on pourrait appeler un honnête homme. Il est ce que la société française actuelle produit comme honnête homme. Et pour tant il a pu titrer: « Les barbares sont à nos portes! » Comment se fait-il qu’il ne se soit pas rendu compte de l’énormité de ce qu’il écrivait ? Parce que l’élite française actuelle et plus généralement l’élite occidentale a désappris ce qu’à grand peine Lévi-Strauss avait découvert et communiqué au monde. Les occidentaux actuels croient de nouveau aux barbares.

Est-ce vraiment grave ? Lévi-Strauss a une fois affirmé : « J’ai connu une époque où l’identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les États. On sait quels désastres en résultèrent. » Plus près de nous, un jury de Floride a récemment libéré un jeune homme qui a intercepté un adolescent noir désarmé, puis l’a tué sous prétexte qu’il en avait peur. Une des jurées du procès a affirmé cette nuit que Zimmerman n’aurait certes pas du tuer cet enfant mais qu’il avait le cœur au bon endroit, voulant protéger la communauté d’une menace réelle. Des textes comme celui d’Authueil, distillant la peur de l’autre et affirmant que toute une frange de la population est soit barbare, soit aux portes de l’ensauvagement, créent les conditions pour qu’émergent des Zimmerman qui peuvent tuer impunément des enfants. En renforçant l’idée que la banlieue est un lieu mystérieux et menaçant où vivent des hordes d’autant plus sauvages que l’on ne sait exactement de quoi elles sont capables, ils créent une structure sociale dans laquelle la vie des banlieusards, surtout basanés, ne vaut pas grand chose.

*Et au fait, toute cette histoire de pillage des cadavres n’était sans doute rien d’autre qu’une grossière intox du syndicat policier fascisant Alliance.

**Et même si cette histoire était vraie, ce ne serait pas étonnant, comme je le signalais à Authueil sur twitter, c’est une partie certes peu honorable de la nature humaine; partie qui s’est d’ailleurs révélée après le 11 septembre y compris chez ces héros de notre temps 🙂 , les pompiers New Yorkais.

Faites le calcul

Posted in France, immigration, Sénégal by hadyba on juin 21, 2013

Une chose intéressante dans cette histoire de renonciation par Mme Dramé au visa qui lui a été attribué par le Consulat de France à Dakar est ce que révèle la réponse du consul. Il répond entre autres que:

Le consulat traite 32 000 demandes de visas par an, chaque préposée reçoit 35 à 40 personnes par jour

Maintenant, regardez cette fiche. Un visa coûte autour de 30 000 Francs CFA. Cela veut dire que les visas rapportent à l’ambassade de France au Sénégal 32 000×30 000= 960 000 000 de Francs CFA = 1 476 923, 08 d’euros.

Si comme Mme Dramé ou moi vous savez calculer et savez parfaitement que la plupart des demandeurs se voient refuser leur visa de manière arbitraire par un Consulat qui gardera quand même le fric, alors, je comprends qu’un guichetier qui vous regarde de travers, vous énerve. Des gens qui rapportent à une administration 1 million d’euros annuel sont en droit d’en attendre de la reconnaissance. Ce n’est clairement pas avec reconnaissance qu’on m’a traité quand je suis allé au Consulat de France à Dakar, bien au contraire. Peut être est-ce ça le vrai problème plutôt que de savoir si Mme Dramé a été insultée ou non comme se le demande M. le Consul:

le contact a peut-être été froid, peu cordial. La seule chose que je sais c’est qu’il n’y a pas eu d’insultes.

Mme Dramé contribue à redéfinir les termes de l’échange et c’est une bonne chose. Nos autorités devraient en prendre la graine.

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Perversité antiroyale

Posted in France, immigration by hadyba on juillet 28, 2012

Il faut vraiment à la fois beaucoup détester Ségolène Royal et être singulièrement pervers pour essayer de transformer ses propos sur Claudine Dupont Vallaud-Belkacem en manifeste raciste.

« J’ai toujours voulu avoir des ouvriers, des exclus, des jeunes issus de la diversité autour de moi », confie l’ex-candidate à la présidentielle pour qui « Najat » doit « accepter d’être là pour ça ». En clair : « Elle s’appellerait Claudine Dupont, elle ne serait peut-être pas là. Elle doit assumer son identité et en être fière. »

Source

Même en supposant que le Point n’ait pas charcuté un long discours, il est évident que si NVB est la seule parmi tous les ouvriers/exclus/arabes promus par Mme Royal à s’être fait coopter dans le gouvernement, c’est parce qu’elle est talentueuse en plus d’être femme ou arabe. Personne ne doute par exemple que la carte « fille de mineur » n’est pas la seule dont use Mme Filippetti, pourquoi la carte « arabe » serait-elle la seule dont dispose NVB? Et pourquoi ferions-nous comme si cette carte ne faisait pas partie de son jeu? Sauf à supposer que cette carte est tellement ignoble qu’il ne faut pas, jamais, en parler.

Ce qui est vraiment intéressant à mon humble avis dans le portrait du Point, c’est que NVB, comme tous les soi disant musulmans promus par l’intelligentsia française est une « jeune musulmane non pratiquante ». Le jour où des musulmaNS pratiquanTS, jeunes ou vieux feront leur entrée dans la scène politique française, je prendrai au sérieux le discours sur la diversité, en attendant, tout ce que je vois c’est l’hégémonie de mâles blancs qui cooptent parfois des vassaux qu’ils soient femmes (Bachelot, Alliot-Marie) ou « divers » comme Azouz Beggag, Yade et Dati…

Une femme vraiment indépendante comme Royal n’a, dans un système aussi ridiculement patriarcal, aucune chance. Elle se fait taper dessus quoiqu’elle dise. Au besoin en instrumentalisant des femmes soumises comme celles de la mal nommée Ni Putes, Ni Soumises.

Témoignage pour ETR

Posted in France, immigration, Vie quotidienne by hadyba on avril 23, 2012

En janvier dernier, j’ai écrit un témoignage sur mes tribulations préfectorales à la demande d’un chercheur de notre labo qui intervient dans le Think Tank En Temps Réel. Ce témoignage, ainsi que celui d’un post-doc américain, a été publié d’abord dans les Cahiers d’ETR  puis sur Rue89.com. Étant donné que, pour des raisons totalement compréhensibles,le texte a été raccourci, je vous mets ici en intégralité mon témoignage originel:  TemoignageETRFinal (pdf). Sans le texte intégral, on ne comprend pas bien par exemple pourquoi j’éprouve le besoin de préciser que je suis noir. Ce d’autant moins que ma photo est juste à coté 😉

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Lorem at Yale

Posted in Afrique, immigration, USA by hadyba on mars 30, 2012

L’un des livres mythiques pour les gens qui deviendront la Lost Generation americaine est Stover at Yale. Ce livre raconte comment un américain pauvre parvient à s’insèrer dans cette fac d’élite et dans son système de sociétés secrètes.

Je ne sais pas si la vie de Paul Lorem aura la même influence sur les gosses de sa génération mais ce qui est clair, c’est qu’elle suffit à rhabiller Dink Stover. Non seulement, contrairement à Stover, Lorem n’est pas un personnage de fiction, mais en plus, à 21 ans, il a survécu à des aventures bien plus trépidantes. Ce garçon est né dans un village du Sud Soudan tellement déshérité que ses parents, pour lui donner une chance de s’en sortir, l’ont laissé dans un camp de réfugié. Sous la surveillance d’enfants à peine plus âgés. Le plus beau est que ces gamins l’ont protégé en l’obligeant à aller à l’école où eux n’allaient pas. Long story short, grâce à son incroyable talent et à la bienveillance des personnes avec lesquelles il a eu à interagir, Paul Lorem est actuellement étudiant à Yale. C’est Nicholas Kristof qui raconte tout ça dans le Times d’hier et c’est une bouffée d’air frais. Je suis persuadé qu’un éditeur proposera à Lorem d’écrire son autobiographie avant qu’il ait fini ses études mais en attendant, vous devriez vraiment lire l’article de NK. Perso, j’aime bien la candeur avec laquelle Lorem avoue que Yale, eh bien, c’est un peu dur sur le plan académique :-). Je veux dire, c’est juste la 11e meilleure fac du monde!

Lorem loves Yale, but, academically, it has been a tough transition, partly because English is Lorem’s fifth language (he also speaks Didinga, Toposa, Arabic and Swahili). Jeffrey Brenzel, the Yale admissions director, puts it this way: “On the one hand, these adjustments are greater for him than for many, but, on the other hand, he has already overcome far greater challenges than other students have just to get here.”

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Islamophobes, mais pas trop

Posted in France, immigration by hadyba on mars 15, 2012

Je me demande si je ne dois pas recommencer à acheter le Canard. J’avais raté ça.

Le manque de consistance du mec qui base toute sa campagne sur la diabolisation des musulmans contacte des responsables religieux musulmans pour leur demander de mobiliser pour son meeting me parait proprement incroyable. Même venant de Sarkozy. Admirez la leçon de laïcisme que lui donne un monsieur soi-disant responsable de la communauté Comorienne:

Mohamed Abdoulbaki a refusé ce qu’il qualifie de « manœuvre contre-productive et ratée ». « On m’a contacté une semaine avant le meeting pour me proposer un car pour la communauté comorienne, j’ai dit non. On doit respecter la laïcité et laisser chacun faire son devoir citoyen en son âme et conscience. Qu’on n’utilise pas les musulmans à des fins politiques. »

De plus, je me demande simplement si tout cela n’est pas illégal. En effet, il est écrit que:

Selon le conseiller régional de Paris, qui se targue d’avoir fait venir « 8 000 personnes de la diversité à Villepinte », l’affrètement de bus pour musulmans n’était pas programmé. « Je suis en contact avec 220 responsables musulmans en France. Je leur ai demandé de venir par leurs propres moyens à Villepinte ou d’utiliser les bus de l’UMP dans chaque ville. Mais, vendredi soir, beaucoup n’avaient pas de solution. J’ai donc réservé des cars supplémentaires, dont deux pour une mosquée de Montreuil. Mais je l’ai aussi fait pour des Ivoiriens ou des Serbes. »

Or, il me semblait qu’une des raisons pour lesquelles la République Française actuelle refuse obstinément d’autoriser les statistiques ethno-raciales et religieuses -qui lui auraient permis de mesurer l’étendue des discriminations à l’oeuvre dans la société- était que cette République ne reconnaissait que des citoyens et ne faisait pas de différenciation selon la race, la religion ou la nationalité d’origine. Or, nous avons là un responsable du parti présidentiel qui avoue en toute candeur qu’il a des fichiers par nationalité et religion!

Rapport de Préfecture

Posted in France, immigration, Vie quotidienne by hadyba on décembre 23, 2011

Hier, j’ai fait la queue, debout presque tout le temps, de 9h30 environ à 15h25 pour pouvoir renouveler mon titre de séjour. J’estime que c’est une bonne journée parce que:

  1. Je n’ai passé qu’une heure de temps dans le froid et il ne faisait pas très froid pour un matin de décembre.
  2. Je ne me suis fait insulter par personne et mes différents interlocuteurs ont été polis
  3. J’ai reçu le papier que j’étais venu chercher

Un étranger en France se doit d’apprécier ces petites joies.

PS: La petite mesquinerie: en face de la préfecture il y un énorme parking gratuit mais strictement limité à 2H. Ça signifie juste qu’aucun étranger n’a le droit de s’y garer parce qu’aucun de nous n’est assez stupide pour s’imaginer qu’il rentrera dans la préfecture (même pour déposer ou retirer un papier) et en ressortira en moins de deux heures. On a beau croire au père Noel, il y a des choses qui sont impossibles.

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Catastrophe pour qui?

Posted in France, immigration by hadyba on décembre 17, 2011

Sur le site de Marianne:

La décision est tombée comme un couperet. Jeudi 15 décembre, le Conseil constitutionnel a censuré l’article de la loi sur le budget de la Sécurité sociale pour 2012 qui autorisait les médecins à diplôme étranger à exercer en France. Une véritable catastrophe pour ces 2 à 3.000 toubibs, originaires, essentiellement, d’Afrique ou d’Asie, et pour les hôpitaux qui, sans eux, ne « tourneraient » pas.

L’amendement censuré prolongeait en effet l’autorisation d’exercice de ces médecins du 31 décembre 2011 au 31 décembre 2014, leur laissant le temps de passer un examen d’équivalence. « Légalement, les médecins étrangers vont devoir arrêter de travailler à la fin du mois », s’alarme Salem Ould Zein, président du Syndicat national des praticiens à diplôme hors Union européenne (SNPADHUE ). Sans travail et sans revenu, certains n’auront d’autre choix que de regagner leur pays d’origine.

Je n’arrive vraiment pas à voir pourquoi ce serait une catastrophe pour un médecin déjà titulaire d’un diplôme de docteur en médecine et ayant une solide expérience dans les hôpitaux français qui sont quand même réputés que de devoir quitter la France. Bien au contraire, je suis sûr que même s’il aime ce pays où il a choisi de faire sa vie, il lui sera très facile de trouver du travail ailleurs, que ce soit dans son pays d’origine ou dans un autre pays. En revanche, il me semble indiscutable que virer les Praticiens à diplôme étrangers sera une catastrophe pour les hôpitaux français qui équilibrent leur budget en important des étrangers déjà formés et en les sous-payant sous le fallacieux prétexte que la fac de médecine dont ils viennent n’est pas aussi prestigieuse que celle d’une obscure ville des confins de l’UE. Si les hôpitaux français veulent garder ces médecins, qu’ils se débrouillent donc pour homologuer leurs diplômes puisque de toute évidence, ils sont assez bons pour exercer dans les meilleurs hôpitaux du pays.

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Mon prefet

Posted in France, immigration by hadyba on octobre 11, 2011

est toujours une star

Chaque année, depuis cinq ans maintenant, l’Etat Français me donne rendez-vous à la préfecture de l’Essonne, pour justifier de ma situation afin que mon épouse, qui est mère de deux enfants français, puisse renouveler son titre de séjour. Naïvement, comme chaque année,  je pensais que les choses s’étaient arrangées depuis la dernière fois… c’est plus fort que moi : comme tous ceux qui vivent cette humiliation, une fois qu’on en est sorti, je ne sais pas pourquoi, on se dit que c’était la dernière fois, et que l’on ne pourra pas supporter de vivre  ça une fois de plus. Alors, comme par magie, notre esprit fais le ménage, et la vie continue…

Le fan actuel

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